Le PIB des 19 pays partageant la monnaie unique a augmenté de 0,2% sur la période juillet-septembre par rapport au trimestre précédent, après avoir déjà mieux résisté que prévu au 2e trimestre (+0,8%), selon les chiffres publiés ce 31 octobre par l'office européen des statistiques Eurostat.
Cela ne pourrait être qu'un sursis cependant, avec la flambée des prix qui continue de s'accélérer sur fond de crise énergétique et que d'autres indicateurs montrent d'ores et déjà une contraction de l'activité économique, pour les experts interrogés par l'AFP.
«Il ne s'agit plus de savoir si nous allons entrer en récession, mais de savoir de quelle sévérité sera cette récession [...] Une récession cet hiver en zone euro est imminente», avertissent notamment les analystes du cabinet Oxford Economics.
D’un trimestre sur l’autre, en France et en Espagne, le PIB a progressé de 0,2% au troisième trimestre (période juillet-septembre), après une hausse respectivement de 0,5% et 1,5% au trimestre précédent, selon des chiffres déjà publiés le 28 octobre.
En Allemagne, où un recul du PIB était attendu, l'activité de la première économie européenne a en fait progressé de 0,3%, alors que le pays est l'un des plus touchés par la crise énergétique et l'inflation. L'Italie a enregistré une croissance de 0,5%, alors que l'ancien gouvernement, dirigé par Mario Draghi, prévoyait un «léger recul» du PIB.
Une résilience de courte durée
De bons résultats qui s'expliquent notamment par la consommation des ménages restée solide cet été en période de vacances et par les mesures de soutien des gouvernements à la demande.
Mais cette résilience pourrait toutefois être de courte durée : l'inflation dans la zone euro a encore accéléré en octobre, à un nouveau record (+ 10,7%). Elle avait atteint 9,9% en septembre (chiffre révisé), pour les 19 pays partageant la monnaie unique européenne, déjà au plus haut depuis qu'Eurostat a commencé à publier l'indicateur en janvier 1997.
La France, qui a adopté des mesures de protection des consommateurs, avec notamment une baisse des tarifs des carburants, conserve en octobre l'inflation la plus faible d'Europe, à 7,1%, selon les données harmonisées d'Eurostat.
L'Allemagne est à 11,6%. Les pays baltes, qui avaient décidé de se passer totalement du gaz russe avant le conflit en Ukraine, subissent l'inflation la plus élevée : elle a atteint 22,4% en Estonie, 22% en Lituanie et 21,8% en Lettonie.
Autre ombre sur la conjoncture européenne : le durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), qui a relevé en fin de semaine, pour la deuxième fois consécutive, ses taux d'une ampleur inédite de 0,75 point pour lutter contre l'inflation.