Economie

Blockchain : malgré un marché en berne, le gouvernement français souhaite soutenir l’essor des NFT

Lors de l’inauguration d’une galerie dédiée aux NFT, le ministre délégué chargé du Numérique s’est dit prêt à soutenir leur développement. Objet d’une forte spéculation, le marché de ces actifs numériques décriés est actuellement en chute libre.

«Avec les acteurs mondiaux de la culture, des jeux vidéo et de l'industrie du luxe, la France a tous les atouts pour devenir une plate-forme européenne et mondiale des NFT. Il faut que l'on accompagne ce mouvement avec le soutien de l'argent public.»

Cette déclaration à l’AFP de Jean-Noël Barrot, en marge de l'inauguration le 18 octobre d’une galerie dédiée à ces objets virtuels dans le quartier du Marais à Paris, n’est pas passée inaperçue. Pour le ministre délégué chargé de la Transition numérique, qui rappelle l’importance du «métavers européen» aux yeux du président de la République, l’ouverture de cette galerie qui ambitionne notamment de sensibiliser le grand public aux cryptomonnaies est «un moment important pour le monde des NFT, du Web3, mais aussi pour Paris et la France».

Durant la campagne électorale, à l’occasion d’une interview accordée à The Big Whale, Emmanuel Macron avait fait part de son intérêt pour ces actifs numériques. «Je souhaite que nos principaux établissements culturels développent une politique en matière de NFT» affirmait alors le président candidat, affichant sa volonté de faire de «l’Europe» un «acteur central» de la révolution numérique.

Présent à l’inauguration, le cofondateur de The Big Whale a tenu à affiner les propos rapportés par l'AFP. Ce coup de pouce gouvernemental «se résume à la possibilité pour les projets NFTs de participer à des concours d’innovation dans le cadre du Plan France 2030», a-t-il tweeté. Annoncé par Emmanuel Macron en octobre dernier, France 2030 est un «plan d'investissement massif» quinquennal de 34 milliards d'euros destinés à plusieurs secteurs économiques afin de «bâtir la France de demain».

Acronyme de «non fongible token» ou en français «jeton non fongible», les NFT sont perçus comme une révolution dans un monde de l’art en quête de renouveau et historiquement en proie aux contrefaçons. Ces images constituent en elles-mêmes des certificats de propriété. Elles disposent en effet d’un code informatique qui les rend uniques. Au même titre que le Bitcoin, l’émission ainsi que les transactions dont ces jetons font l’objet sont répertoriées dans le registre décentralisé qu’est la blockchain. Les NFT se veulent ainsi des créations infalsifiables dans un environnement numérique où tout est par essence duplicable.

Outil révolutionnaire, pour l’heure dévoyé par la spéculation ?

Comme tous les autres cryptoactifs, les NFT ont connu un essor fulgurant. Au troisième trimestre 2021, le volume des ventes de ces actifs virtuels s’élevait à 9,4 milliards d'euros, contre «seulement» 12 millions d’euros au premier semestre 2020. Un engouement soudain, auprès du grand public et des investisseurs, suscité par une course aux records récemment lancée par les grands noms de la vente aux enchères.

L’utilisation des NFT s’étend alors à d’autres domaines, tels le sport et les jeux vidéo, brassant des sommes d’argent toujours plus importantes. Mais, comme tous les autres cryptoactifs, les NFT sont sujets à une forte volatilité. En mai 2021 le volume des transactions plonge de 90% et le nombre de portefeuilles est divisé par trois en quelques semaines. Rebelote quelques mois plus tard. Selon les données cumulées sur les plateformes d’achat, entre janvier et septembre 2022, les ventes de NFT se sont effondrées de 97%.

Cet effet de mode, suscité par un fort appât du gain, au détriment de l’objectif premier des NFT, attire les critiques au sein de la Tech à l’encontre des cryptoactifs. Selon Bill Gates, les NFT ne reposeraient ainsi que sur «la théorie du plus grand imbécile». En d’autres termes, ces actifs virtuels s’échangeraient uniquement parce que leurs acquéreurs sont persuadés de pouvoir les revendre plus cher à un futur acheteur qui, lui-même, espérera alors le revendre encore plus cher à l’avenir.