Economie

Après 8,5 milliards d’euros de pertes, l'Allemagne nationalise l’entreprise gazière Uniper

L’Etat fédéral va débourser 8,5 milliards d’euros pour prendre le contrôle d’Uniper. Berlin espère ainsi empêcher la faillite du premier fournisseur de gaz du pays, mis à mal par la réduction des livraisons de gaz russe.

L'Etat allemand et le groupe finlandais Fortum ont annoncé ce 21 septembre la nationalisation du géant gazier Uniper. Dans un communiqué cité par l’AFP, le ministère allemand de l’Economie précise qu’il va mettre la main sur «environ 99% d'Uniper» et explique qu'«Uniper est un pilier central de l'approvisionnement énergétique allemand». Cet énergéticien fournit notamment en gaz des centaines de municipalités allemandes.

Cet accord remplace le premier plan d'aide dévoilé fin juillet, qui prévoyait que Berlin prenne 30% de participation dans ce groupe qui est le premier importateur de gaz d'Allemagne.

Le communiqué précise que l'Allemagne va acheter au prix unitaire de 1,70 euro l'ensemble des actions de Fortum pour un total de 500 millions d'euros. Mais surtout, Berlin procédera à une augmentation de capital de 8 milliards d'euros.

L'accord prévoit enfin le remboursement, par l'Allemagne, d'un prêt de 8 milliards d'euros que Fortum avait accordé à sa filiale. Le groupe finlandais Fortum s’est félicité de l’opération en déclarant que ce «désinvestissement d’Uniper [était] le bon pas à faire, non seulement pour Uniper mais aussi pour Fortum».

«Effet Lehman Brothers»

Uniper, premier importateur et stockeur de gaz en Allemagne, est frappé de plein fouet par la réduction drastique des livraisons de gaz russe depuis le conflit en Ukraine. L'entreprise était le principal client du groupe russe Gazprom en Allemagne. Elle doit désormais, pour honorer ses contrats, se procurer du gaz sur le marché au comptant où les prix ont explosé.

Le groupe Fortum a précisé qu’à ce jour les pertes d’Uniper engendrées par la réduction des livraisons de gaz russe, conséquences des sanctions européennes, s'élevaient à 8,5 milliards d'euros. Pour l’énergéticien Uniper, la situation s'est encore aggravée lors que le géant russe Gazprom a fermé temporairement pour maintenance, début septembre, son gazoduc Nord Stream 1, par lequel arrivait l’essentiel des livraisons de gaz russe en Allemagne.

Berlin n'a cessé d'alerter, ces derniers mois, sur un «effet Lehman Brothers» qu'aurait une faillite d'Uniper sur les marchés de l'énergie. Au regard de l'importance d'Uniper, sa chute ébranlerait le marché énergétique et entraînerait des pénuries d'énergie pour des milliers de clients.