Le gouvernement présente ce 7 septembre son nouveau projet de réforme de l’assurance chômage faisant varier les conditions d'indemnisation selon la conjoncture. Il vise d’abord à prolonger les règles actuelles issues d'une réforme déjà controversée du premier quinquennat, et arrivant à échéance le 31 octobre.
Le gouvernement va saisir les partenaires sociaux sur la question d'une modulation de l'assurance chômage afin qu'elle soit, selon les mots d'Emmanuel Macron, «plus stricte quand trop d'emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé».
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a annoncé ce 7 septembre sur Franceinfo une «concertation» pour aboutir à des critères – le taux de chômage par exemple –, dont l'évolution à la hausse ou à la baisse pourrait déterminer le nombre de mois de travail requis pour accéder à l'indemnisation (6 mois actuellement sur les 24 derniers) ou encore calculer sa durée.
Le ministre estime qu'il y a urgence parce qu'il est «insupportable d'être encore à un taux de chômage de 7,4% et d'avoir dans le même temps un retour unanime des chefs d'entreprises sur les difficultés de recrutement». Il fait de cette réforme une des conditions pour atteindre l'objectif de plein emploi (soit un taux de chômage d'environ 5%) en 2027.
Selon l'économiste et député Renaissance (ex-LREM) Marc Ferracci, un des inspirateurs de la réforme de 2019, «des dizaines d’études prouvent que les règles de l’assurance chômage, notamment la durée et les seuils d’éligibilité, ont un effet sur le niveau de l'emploi», notamment pour les chômeurs les plus autonomes dans leur recherche. Faux, rétorquent les syndicats pour qui les difficultés de recrutement sont d'abord liées à la formation et à l'attractivité des métiers (salaires, conditions de travail, mobilité, etc.).
Réunis le 5 septembre au siège de la CFDT, les syndicats se sont mis d'accord sur leur opposition à négocier une telle mesure «contracyclique» et devraient publier la semaine prochaine un texte commun en ce sens. Marylise Léon (CFDT) a prévenu qu’il porterait «sur la problématique actuelle de l'emploi et des difficultés de recrutement qui ne trouveront pas de réponse efficace avec une réforme qui réduit encore les droits des chômeurs».
Des «gages au Medef» pour ne pas négocier
«On veut négocier une nouvelle convention d'assurance chômage, mais à condition qu'on nous laisse la main», répond de son côté Michel Beaugas (FO). «La réalité, c'est que l'exécutif donne des gages au Medef qui n'a donc aucun intérêt à négocier avec les syndicats », déplore de son côté François Hommeril (CFE-CGC).
Et en effet, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a déjà jugé qu'«ouvrir une négociation ne servira à rien vu qu'elle n'aboutira[it] pas faute de diagnostic partagé avec les syndicats». Le ministre du travail a d’ailleurs annoncé une mise en oeuvre «avant la fin de l’année».
Insuffisant pour le Medef, dont le patron Geoffroy Roux de Bézieux, invité sur France 2 ce 7 septembre a invité le gouvernement à engager des concertations dès l'automne pour lancer la réforme de l’assurance retraite. «Il faut faire la réforme de l’assurance chômage», a réclamé le patron du Medef avant d’ajouter : «Dès qu’elle aura été terminée, c’est-à-dire à l’automne, il faudra engager les concertations sur la retraite».
«On est un pays qui a des protections sociales fortes»
«On est un pays qui a des protections sociales fortes, qui doit investir dans l’école, l’armée, la santé... La seule manière de financer [ces investissements], c’est la quantité de travail», a-t-il argumenté. Mais pas de planning particulier, pour le patron du Medef qui avait jugé fin août qu'un tel chantier n'était «pas ce qu'il faut faire le 1er septembre».
Passer progressivement de 62 à 64 ans, 43 années de cotisations à partir de la génération 1966
Au gouvernement, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire répète régulièrement sa volonté de faire entrer la réforme en vigueur à l'été 2023 mais le sujet était absent du séminaire gouvernemental de rentrée la semaine dernière.
«La réforme des retraites sera un des éléments du débat du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), a annoncé pour sa part sur France Inter le président du Sénat Gérard Larcher, qui a rappelé la proposition de LR : «passer progressivement de 62 à 64 ans, 43 années de cotisations à partir de la génération 1966».