Economie

«Vive la démocratie à la sauce Macron !» : le Conseil de défense sur l'énergie irrite l'opposition

Dans un contexte de très forte hausse des tarifs de l’énergie le président de la République a décidé de réunir un conseil de défense. Des élus de l'opposition y voient une faille démocratique visant au secret des décisions présidentielles.

Confirmant des informations de presse, l'Elysée a annoncé ce 30 août que le président de la République Emmanuel Macron réunirait, le 2 septembre, un conseil de défense consacré à l'approvisionnement en gaz et en électricité de la France.

«L’approvisionnement en gaz et en électricité étant un intérêt vital pour le pays, le Conseil de défense et de sécurité nationale aura pour objectif de faire le point sur la situation ainsi que sur les scénarios envisagés pour se préparer à tous les cas de figure cet automne et cet hiver», a expliqué à l'AFP un conseiller de l'Elysée.

Cette annonce a fait réagir sur Twitter plusieurs personnalités de la politiques de droite comme de gauche sur twitter comme la chef de file des Insoumis à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot : «Vive la démocratie à la sauce Macron !», ironise-t-elle.

Son collège au sein de la Nupes, l'écologiste Julien Bayou appelle de son côté à «agir dans la transparence» à l'instar des «gouvernements suisse et allemand».

Fustigeant le choix du président de la République, Marine Le Pen plaide pour «que l’Assemblée nationale soit convoquée au plus vite». «Il est urgent de trouver des solutions pour protéger les Français sans attendre octobre», écrit la responsable du Rassemblement national.

«Fidèle à son répertoire guerrier, Emmanuel Macron aura dirigé la France de conseils de défense en conseils de défense», fustige pour sa part Alain Houpert, sénateur LR de la Côte-d'Or et membre de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense.

Pour le président du mouvement les Patriotes Florian Philippot, «Macron va faire dès vendredi pour l’énergie comme pour le Covid : des «conseils de défense» ! Histoire que ce soit couvert par le secret défense ! Absolument inadmissible !»

En dehors de l'arène politique, l’écrivain et essayiste Matthieu Slama, auteur d'Adieu la liberté paru aux Presses de la Cité écrit pour sa part que «cette banalisation du Conseil de Défense est une catastrophe démocratique […] une procédure bien trop grave pour être un simple outil de com’ au service du chef de l’Etat». 

Enfin l’essayiste Philippe Murer voit aussi dans la convocation de ce conseil une volonté de classer les décisions présidentielles «secret défense». 

Engie, principal négociant d’énergie en France, a fait savoir, le jour de l’annonce de l’Elysée, que le géant gazier russe Gazprom avait encore réduit le volume de ses livraisons de gaz auprès de lui. La situation est également difficile en ce qui concerne la fourniture d’électricité aux entreprises et aux particuliers en raison de l'indisponibilité d'une partie du parc nucléaire, notamment pour des problèmes de corrosion.

Le Premier ministre Elisabeth Borne a exhorté en début de semaine les entreprises à agir pour améliorer leur sobriété énergétique, faute de quoi elles seraient les «premières touchées» par des mesures de «rationnement» dans les prochains mois.