Les manœuvres militaires menées par la Chine autour de Taïwan, les plus importantes de son histoire, sont destinées à simuler un «blocus» de Taïwan, et incluent «des tirs d'artillerie à munitions réelles et de longue portée», ainsi que des missiles devant survoler l'île pour la première fois, selon «plusieurs médias d'Etat» chinois cités par l’AFP.
Par mesure de sécurité, l'Administration chinoise de la sûreté maritime a «interdit» aux navires de pénétrer dans les zones concernées.
Ces manœuvres surviennent au niveau de routes commerciales parmi les plus chargées de la planète, et d'une importance cruciale : elles connectent au monde les usines de semi-conducteurs et équipements électroniques d'Asie de l'Est et servent aussi au transport de gaz naturel. Lors des sept premiers mois de l'année, près de la moitié des porte-conteneurs du monde sont passés par le détroit de Taïwan, selon les données compilées par Bloomberg.
«Etant donné qu'une grande partie de la flotte mondiale de conteneurs passe par cette voie navigable, le déroutement [provoqué par les manœuvres] entraînera inévitablement des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement mondiales», prédit James Char, chercheur associé à l'Ecole d'études internationales S. Rajaratnam à Singapour. «La fermeture de ces voies de transport – même temporairement – a des conséquences non seulement pour Taïwan, mais aussi pour les flux commerciaux liés au Japon et à la Corée du Sud », souligne dans une note l'Economist intelligence unit (société d’analyse économique liée au groupe de presse étasunien éponyme).
Ces manœuvres perturbent également le trafic aérien : ces deux derniers jours, plus de 400 vols ont été annulés dans les principaux aéroports du Fujian, la province chinoise la plus proche de Taïwan. Les autorités taïwanaises ont pour leur part averti que les exercices perturberaient 18 liaisons aériennes internationales traversant la zone.
A la Bourse de Taïwan, l'indice Taiex dédié aux entreprises de transport aérien et maritime a reculé de 1,05% le 3 août, ayant perdu 4,6% de sa valeur depuis le début de la semaine. Mais plusieurs compagnies maritimes contactées par l'AFP ont dit attendre de voir l'impact des exercices avant de changer leurs itinéraires. Car la saison actuelle des typhons complique le passage des navires du côté est de Taïwan, par la mer des Philippines. D'autres ne prévoient aucun changement de plan, comme le géant danois Maersk interrogé par l’AFP.