Après quatre années de transition politique, la Guinée s’apprête à élire un nouveau chef de l’État. À l’issue de la chute du régime d’Alpha Condé, le 5 septembre 2021, le général Mamadi Doumbouya avait pris la tête du pays. Aujourd’hui, il se présente en candidat indépendant sous la bannière de la « Génération pour la modernité et le développement », dans le cadre d’un scrutin qui doit tourner la page de cette période transitoire.
Ils sont au total neuf candidats à se disputer les suffrages, parmi lesquels plusieurs anciens ministres, des figures de l’opposition et des personnalités issues de la société civile. Hadja Makalé Camara, seule femme en lice, est la candidate du Front pour l’alliance nationale. En toile de fond, les électeurs guinéens, estimés à 6,8 millions, espèrent une élection apaisée et décisive pour l’avenir institutionnel du pays.
Cette présidentielle est également la première organisée sous la nouvelle Constitution, adoptée par référendum en septembre dernier. Elle établit un mandat de sept ans renouvelable une seule fois et autorise les candidatures indépendantes, ouvrant ainsi un nouveau chapitre dans la vie politique guinéenne.
Un dispositif électoral renforcé et coordonné
C’est la Direction générale des élections (DGE), désormais seule en charge du processus électoral après la dissolution de la CENI, qui pilote l’ensemble des opérations. Le 26 décembre, sa directrice Djenabou Touré a confirmé que toutes les dispositions logistiques étaient finalisées. « Tout le matériel est acheminé dans les communes. Les kits de vote, l’encre et les procès-verbaux sont prêts », a-t-elle précisé.
La sécurité du scrutin est également une priorité clairement affichée. La Police nationale a mobilisé 11 626 agents à travers le pays, dont 7 878 rien que pour la capitale, Conakry. Le Contrôleur général Lanceï Camara a détaillé un déploiement couvrant toutes les étapes du processus, jusqu’à la centralisation des résultats.
Pour renforcer la transparence, l’Observatoire national autonome (ONASUR) a déployé plus de 5 000 observateurs. « Notre priorité est d’éviter les tensions liées à la publication des résultats », a indiqué son président Sékou Koureissy Condé. À cet effet, la DGE prévoit l’annonce des résultats provisoires dans un délai de 48 heures, grâce à l’appui des nouvelles technologies intégrées au processus de dépouillement.
Un contexte sous surveillance mais sous contrôle
Si les autorités soulignent le calme inédit ayant marqué la campagne, certaines voix extérieures évoquent des restrictions. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a ainsi dénoncé le 27 décembre un « espace civique sévèrement restreint », évoquant des « disparitions forcées » et des « intimidations d’opposants ». Toutefois, en Guinée, ces accusations ne sont pas documentées de manière officielle. Le président de la Haute Autorité de la Communication, Boubacar Yacine Diallo, a d’ailleurs précisé n’avoir reçu aucune plainte formelle à ce sujet.
Les critiques occidentales n'entament pas la détermination des autorités guinéennes, qui mettent en avant leur volonté d’assurer une élection souveraine et crédible.
Alors que les électeurs guinéens se rendent aux urnes le 28 décembre, c’est un moment crucial pour le pays qui s’ouvre. Le résultat de ce scrutin déterminera non seulement le futur président, mais aussi les équilibres politiques d’une Guinée en quête de stabilité durable et de développement maîtrisé.