Le président ghanéen John Dramani Mahama a reçu, le 19 décembre, une délégation internationale militant en faveur des réparations pour l’esclavage transatlantique et le colonialisme, qui l’a appelé à mobiliser les dirigeants africains afin de soutenir ce mouvement en pleine montée en puissance. Composée d’experts originaires d’Afrique, des Caraïbes, d’Europe, d’Amérique latine et des États-Unis, la délégation a présenté une série d’actions prioritaires inscrites dans l’agenda de l’Union africaine (UA) sur les réparations.
En février 2025, l’Union africaine a lancé une initiative visant à définir une « vision unifiée » des réparations, qui pourrait inclure des compensations financières, des reconnaissances officielles des torts du passé, ainsi que des réformes politiques. Cette démarche intervient alors que les appels à réparer les conséquences de l’esclavage et du colonialisme gagnent en visibilité sur la scène internationale.
Entre le XVe et le XIXe siècle, au moins 12,5 millions d’Africains ont été enlevés et déportés de force par des navires européens avant d’être réduits en esclavage. Les défenseurs des réparations estiment que des mesures concrètes sont nécessaires pour faire face aux héritages contemporains de cette période, notamment le racisme et les inégalités structurelles.
Le courage plutôt que le confort
Si le Ghana figure parmi les pays africains les plus engagés sur cette question, la délégation a souligné la nécessité d’une « cohérence stratégique et d’une unité politique » à l’échelle du continent. Elle a appelé John Dramani Mahama à encourager ses homologues africains à « choisir le courage plutôt que le confort » en soutenant la société civile et les communautés affectées en Afrique et dans la diaspora.
La délégation a également rencontré le ministre ghanéen des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, ainsi que l’envoyé spécial du président chargé des réparations, Ekwow Spio-Garbrah.
Lors du sommet Union européenne – Union africaine tenu le 24 novembre à Luanda, en Angola, les dirigeants des deux régions ont reconnu les « souffrances indicibles » causées par l’esclavage et le colonialisme, sans toutefois s’engager formellement en faveur de réparations. À cette occasion, la vice-présidente ghanéenne Jane Opoku-Agyemang a appelé les États membres de l’Union européenne à soutenir un projet de résolution des Nations unies, préparé par le Ghana, visant à reconnaître l’esclavage comme l’un des « crimes les plus graves contre l’humanité ».