La séance plénière, organisée dans le cadre du deuxième jour de la seconde conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique, s’est déroulée le 20 décembre dans la capitale égyptienne. Elle a réuni les ministres des Affaires étrangères de nombreux pays africains aux côtés de leur homologue russe, Sergueï Lavrov.
Le chef de la diplomatie russe a ouvert les travaux en lisant un message du président Vladimir Poutine, dans lequel ce dernier affirme que « la Russie attache une grande importance au développement de relations amicales, pleinement égalitaires et mutuellement bénéfiques avec les partenaires africains ».
Dans son intervention, Sergueï Lavrov a souligné les progrès réalisés depuis le sommet Russie-Afrique de 2023 et a insisté sur l’importance d’aborder le prochain sommet, prévu en 2026, avec « un ensemble de résultats concrets et pratiques ». Il a précisé qu’un nouveau plan stratégique serait proposé, couvrant des domaines élargis de coopération, notamment l’économie, la sécurité, l’énergie, la santé, l’éducation et les technologies.
Le ministre a également salué la progression des échanges commerciaux entre la Russie et le continent africain, qui ont atteint 28 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de 13 % par rapport à l’année précédente. « Ce n’est pas la limite », a-t-il ajouté. Il a noté que 84 % des transactions bilatérales sont désormais effectuées en roubles, soulignant la volonté de Moscou de renforcer les mécanismes de paiement en monnaies nationales.
Initiatives concrètes et nouvelles coopérations sectorielles
La deuxième journée du Forum a été marquée par des avancées diplomatiques tangibles. Un mémorandum de coopération a été signé avec le Malawi, une première historique dans les relations bilatérales. Moscou a également proposé aux pays africains ne disposant pas encore d’ambassade en Russie d’en ouvrir une, en assurant un soutien logistique complet à cette démarche. Par ailleurs, la Russie prévoit d’étendre son réseau de représentations commerciales à quinze pays africains d’ici fin 2026.
Sur le plan institutionnel, treize nouvelles commissions intergouvernementales dédiées à la coopération scientifique, économique et technique seront créées prochainement. Sergueï Lavrov a insisté sur l’importance d’éliminer les obstacles réglementaires qui freinent les échanges, en appelant à une meilleure intégration des accords à l’échelle bilatérale et régionale.
Moscou a également proposé d’élargir la coopération à des secteurs technologiques de pointe, en mettant à disposition des partenaires africains des expertises dans le spatial, l’électrotechnique, la géolocalisation, la pharmacie ou encore l’ingénierie industrielle. Sur le plan éducatif, plus de 32 000 étudiants africains poursuivent actuellement leur formation en Russie, un chiffre en forte hausse. Les bourses accordées ont été multipliées par trois au cours des cinq dernières années, notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie, du bâtiment, de la médecine et de l’enseignement.
Souveraineté africaine et rejet des interférences étrangères
Tout au long de son intervention, Sergueï Lavrov a mis l’accent sur la nécessité de préserver la souveraineté du continent africain face aux tentatives d’ingérence étrangères. Il a dénoncé « la ligne de certaines puissances occidentales et de blocs politico-militaires visant à entraîner l’Afrique dans des aventures géopolitiques conflictuelles ». Selon lui, « le colonialisme occidental a détruit le chemin historique naturel des peuples africains » et « le néocolonialisme persiste encore aujourd’hui ». La Russie se dit prête à agir « de concert avec ses partenaires africains pour éradiquer ces pratiques ».
Le ministre a salué la montée en puissance de l’Afrique sur la scène internationale, évoquant un « second réveil du continent » soutenu par des partenaires qui respectent ses intérêts. Moscou se présente comme un allié solide, engagé aux côtés des États africains pour renforcer leur souveraineté, leur sécurité et leur développement sur tous les plans : économique, technologique, alimentaire, énergétique, numérique et informationnel.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui a reçu Sergueï Lavrov, a quant à lui réaffirmé l’engagement de l’Égypte en faveur d’un règlement diplomatique du conflit ukrainien, et a rejeté « toute tentative de déplacement du peuple palestinien », appelant à une solution à deux États. Le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf a proposé la création d’une journée internationale contre le néocolonialisme, et a souligné que le partenariat avec la Russie constitue un levier essentiel pour achever la décolonisation du continent africain.