Afrique

Est de la RDC : Félix Tshisekedi déplore la violation de l’accord de Washington et met «en alerte requise» le gouvernement et l’armée

Les tensions sont montées d’un cran dans l’est de la RDC, avec la chute d’Uvira, au Sud-Kivu, aux mains des rebelles de l’AFC-M23, entraînant une mise en alerte du gouvernement et de l’armée et des demandes de sanctions contre Kigali pour violation de l’accord signé quelques jours plus tôt à Washington.

L’escalade des tensions dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a culminé avec la prise de la ville d’Uvira par les rebelles de l’AFC/M23, soutenus par le Rwanda. Face à la situation, le président congolais Félix Tshisekedi a spécialement convoqué une réunion restreinte du Conseil des ministres le 11 décembre, en présence du lieutenant-général Jules Banza Mwilambwe, chef d’état-major général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

Le responsable militaire a fait le point sur la situation sécuritaire sur les différents terrains opérationnels et a informé le Conseil restreint des dispositions mises en place par l’armée pour garantir la sécurité et la protection du territoire dans les zones attaquées par les forces rwandaises et leurs supplétifs, rapporte le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, citant un compte rendu de la réunion.

Alerte maximale et options souveraines

Selon l’Agence congolaise de presse (ACP), qui cite le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, le président Félix Tshisekedi a ordonné, au cours d’un conseil restreint, au gouvernement de la RDC et aux forces armées de « maintenir le niveau d’alerte requis pour faire face à cette énième agression et protéger l’intégrité territoriale de notre pays », face aux attaques de l’armée rwandaise dans le Sud-Kivu.

Pour sa part, le chef de l’État a déploré « avec la plus grande fermeté » les violations commises par le Rwanda de ses engagements pris quelques jours plus tôt, lors de la signature de l’accord de paix de Washington. Le président congolais a annoncé la convocation imminente d’une réunion interinstitutionnelle, ainsi que d’un Conseil supérieur de la Défense élargi, afin d’« approfondir l’analyse de la situation » et d’« arrêter en toute souveraineté les options appropriées pour maîtriser l’évolution des opérations et garantir partout la sécurité de nos populations ».

Kinshasa réclame des sanctions contre Kigali

Le gouvernement congolais a exigé des sanctions internationales contre le Rwanda, qu’il accuse de violation de l’accord de cessez-le-feu à la suite des offensives meurtrières contre la ville d’Uvira. Le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, a qualifié la situation d’« inacceptable », car elle fragilise l’accord de Washington.

Il a également accusé le Rwanda d’avoir manifesté sa mauvaise foi après l’entérinement de l’accord, indiquant qu’« il fallait aller jusqu’au bout, car nous croyions à la médiation américaine. Le président de la République avait eu l’occasion de mettre les points sur la table lors des échanges à la Maison Blanche et, quelques jours plus tard, les faits lui ont donné raison, avec les offensives généralisées lancées par le Rwanda, accompagné de son bras armé, le M23 », a-t-il déclaré sur la télévision nationale.

Le porte-parole du gouvernement a aussi pointé du doigt le recours répété aux drones kamikazes par les rebelles de l’AFC/M23 contre des populations civiles, ayant fait état de nombreuses victimes tuées et gravement blessées, ainsi que du déplacement de près de 200 000 habitants dans la région.

Après la chute de Bukavu aux mains des rebelles en février 2025, le gouvernement de Kinshasa avait désigné Uvira comme siège provisoire de ses institutions dans les zones qu’il contrôle encore dans la province du Sud-Kivu.