Afrique

Guinée-Bissau : le général Horta N'Tam investi «président de la transition» pour un an

Le général Horta N'Tam, ancien chef d'état-major de l'armée de terre, a été officiellement investi ce 27 novembre comme président de la transition en Guinée-Bissau. Cette nomination survient au lendemain d'un coup d'État militaire qui a renversé le président sortant Umaro Sissoco Embalo, suspendant le processus électoral en cours.

Ce 27 novembre 2025 marque un tournant décisif pour la Guinée-Bissau avec l'investiture du général Horta N'Tam à la tête d'une transition d'un an. Ancien chef d'état-major de l'armée de terre, il prend les rênes du pays et du haut commandement militaire, à la suite de la prise de pouvoir par les forces armées la veille.

Tout a commencé le 26 novembre, trois jours après les élections présidentielle et législatives du 23 novembre. Des militaires, menés par le général Denis N'Canha, chef de la maison militaire de la présidence, ont annoncé avoir pris le « contrôle total du pays ». Ils ont justifié leur action par la découverte d'un « plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue ».

Le président sortant Umaro Sissoco Embalo a été arrêté, et le processus électoral suspendu, alors que les résultats provisoires étaient attendus. La capitale Bissau s'est réveillée sous haute surveillance militaire, avec des rues quasi désertes, des checkpoints et un couvre-feu nocturne.

Les frontières, fermées initialement, ont été rouvertes par les putschistes. La cérémonie d'investiture de Horta N'Tam, sobre et sans hymne national, s'est tenue au siège de l'état-major, renforcé par des dizaines de soldats armés. Dans son allocution, le nouveau dirigeant a réaffirmé que l'armée avait agi pour « garantir la sécurité nationale et rétablir l'ordre ».

Ce coup d'État s'inscrit dans une longue histoire d'instabilité en Guinée-Bissau, pays côtier d'Afrique de l'Ouest qui a connu quatre putschs et de nombreuses tentatives depuis son indépendance en 1974. La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a condamné « sans équivoque » cette « grave violation de l'ordre constitutionnel », la qualifiant de « menace directe pour la stabilité du pays et de la région ».

L'ONU suit la situation avec une « profonde préoccupation », appelant au respect de l'État de droit. Des zones d'ombre persistent, selon l'expert Vincent Foucher, chercheur au CNRS, qui n'exclut pas une manipulation politique. « Il faut être prudent sur les accusations de coup d'État, car elles sont très politiques », a-t-il déclaré, rappelant des épisodes passés où Embalo a dissous des institutions pour consolider son pouvoir.

Le principal parti d'opposition, le PAIGC, a appelé à un rassemblement, tandis que les médias sont interdits de commentaires politiques. À la mi-journée ce 27 novembre, la capitale restait quadrillée, et l’issue de cette nouvelle transition demeurait plus incertaine que jamais.