Afrique

Mali : Barrick Gold se plie au nouveau code minier et met fin au contentieux avec Bamako

Au terme d’un bras de fer juridique et administratif qui aura duré deux ans, l’État malien et le géant minier canadien sont parvenus à un accord global mettant un point final au différend autour de l’exploitation du complexe aurifère de Loulo et de Gounkoto.

Barrick Mining Corporation a annoncé, dans un communiqué publié le 24 novembre, avoir conclu un accord avec le gouvernement malien mettant fin au contentieux de deux ans autour des mines de Loulo et de Gounkoto, parmi les plus importants complexes aurifères d’Afrique de l’Ouest. L’accord stipule l’abandon des charges retenues contre Barrick, ses filiales et ses quatre employés, avec le lancement des démarches juridiques nécessaires à leur libération.

La compagnie canadienne a également fait savoir que l’administration provisoire du complexe de Loulo-Gounkoto sera levée, rendant ainsi à la compagnie le contrôle opérationnel du complexe minier. Commentant l’accord, le ministre malien des Mines a déclaré : « Avec la signature de ce protocole, les deux parties formalisent leur engagement réciproque par rapport aux différends qui les opposaient, en essayant de fixer les bases du nouveau partenariat qu'ils vont mettre en place. »

En contrepartie, Barrick a fait part de sa volonté d’ouvrir la voie à une relation constructive et retirera ses demandes d’arbitrage près le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Bamako s’est, pour sa part, engagée à clore les poursuites visant la compagnie, ses filiales et ses employés.

Une collaboration dans le cadre du Code minier de 2023

Pour l’heure, les autorités maliennes n’ont divulgué aucun chiffre détaillé sur les revenus précis de l’État. La presse locale a cependant indiqué que le compromis repose sur l’application stricte du Code minier de 2023, qui accorde une plus large participation à l’État et impose une fiscalité beaucoup plus avantageuse pour ses caisses. La nouvelle législation minière vise à instaurer la souveraineté malienne dans la transformation de ses richesses, notamment en augmentant les revenus de l’État, en imposant la transparence dans la traçabilité de l’or et en contrôlant les gisements majeurs du pays.

Alousséni Sanou, ministre de l’Économie et des Finances, a fait part des espoirs du gouvernement d’engranger « des avantages financiers certains, plus importants », indiquant que les investissements directs étrangers doivent également « être bien encadrés » par des règles qui doivent être respectées.

Une stratégie de maîtrise des ressources à l’intérieur et un signal fort aux partenaires internationaux

Au niveau national, l’accord de l’État malien avec Barrick Gold illustre la stratégie gouvernementale pour la diversification de ses revenus miniers, la maîtrise des chaînes de valeur et la réduction de la dépendance aux multinationales dans la perspective de l’inauguration des nouvelles mines de lithium, un minerai vital dans le contexte mondial de la transition énergétique.

Sur le plan régional, l’entente avec le géant minier canadien constitue un signal fort aux pays de l’Alliance des États du Sahel, qui visent la reprise en main de leurs ressources stratégiques, exploitées des décennies durant par des puissances étrangères, selon des contrats jugés défavorables pour ces pays africains.

Envolée de l’action Barrick Gold après l’annonce de l’accord avec le Mali

Après l'annonce du règlement du différend entre la compagnie minière et l’État malien, le 24 novembre, l'action de Barrick a atteint son pic le plus élevé depuis 52 semaines à la Bourse de New York, s'établissant à 39,02 dollars l’action. À 12 h 00 (heure de l'Est), l’action se négociait à 38,76 dollars, pour une capitalisation boursière approchant les 62 milliards de dollars. Le titre Barrick a progressé de 143 % depuis le début de l'année, surpassant ses plus grands concurrents Newmont et Agnico Eagle Mines.