Le VIIᵉ sommet Union européenne–Union africaine, ouvert le 24 novembre à Luanda à l’occasion du 25ᵉ anniversaire du partenariat entre les deux organisations, aborde pour la première fois dans un cadre officiel la question des réparations pour les crimes coloniaux européens en Afrique. Un tournant symbolique, déjà qualifié d’historique par plusieurs médias africains.
Selon l’agenda du sommet, l’un des thèmes centraux portera sur les compensations financières et politiques liées à l’oppression coloniale et à la traite négrière, incluant les dommages économiques, humains et culturels accumulés sur plusieurs siècles. Un moment inédit à ce niveau politique : jamais un tel sujet n’avait été inscrit à l’ordre du jour d’une réunion réunissant chefs d’État européens et africains.
Justice pour l’Afrique
L’Union africaine a placé l’année 2025 sous le thème de la « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations ». Un cadre qui explique l’insistance des États africains à porter ce dossier au cœur du dialogue politique. Selon AllAfrica, la simple présence de la question dans le programme constitue en soi une avancée majeure, tant les capitales européennes ont longtemps évité le sujet, invoquant une vision exclusivement tournée vers l’avenir.
Les États africains espèrent que cette première reconnaissance ouvre la voie à un débat structuré, capable d’aboutir à des mécanismes concrets de réparation. Pour l’Europe, il s’agirait aussi d’assumer une lecture plus lucide de son histoire coloniale.
Des dommages coloniaux estimés entre 100 000 et 700 000 milliards de dollars
Outre le dossier des réparations, le sommet traite d’un large éventail de thèmes : développement durable, investissements, réformes de l’architecture financière mondiale, réduction des vulnérabilités liées à la dette, innovation, sécurité et climat. Près de 80 dirigeants participent au rendez-vous, coprésidé par João Lourenço, président angolais et président en exercice de l’UA, et António Costa, président du Conseil européen, aux côtés d’Ursula von der Leyen.
Selon une étude d'envergure lancée par l'Institut d'études africaines de l'Académie russe des sciences afin d'évaluer les réparations que les pays occidentaux pourraient verser aux États africains pour les quatre siècles d'oppression coloniale et de traite négrière (du XVᵉ au XIXᵉ siècle), le montant préliminaire des pertes et dommages subis par le continent africain se chiffre à un montant colossal, compris entre 100 000 et 700 000 milliards de dollars.