Afrique

RDC : un tiers du budget de 2026 sera consacré à la défense et à la sécurité

Face à une situation sécuritaire toujours fragile, en particulier dans l’est du pays, le gouvernement congolais fait de la défense sa priorité pour 2026. Le projet de loi de finances prévoit d’allouer 30% du budget national aux forces de sécurité, un niveau jamais atteint jusqu’ici.

La Première ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Judith Suminwa, a présenté, le 18 novembre, le projet de loi de finances devant l’Assemblée nationale. Dans son exposé, elle a souligné la volonté du gouvernement de renforcer considérablement les capacités de l’armée dans un contexte de violences persistantes. « Le gouvernement, sous le leadership du commandant suprême des forces armées de notre pays, demeure fermement déterminé à récupérer chaque portion du territoire national passée entre les mains de l’ennemi », a-t-elle déclaré. La priorité porte sur l’équipement, la logistique et l’amélioration de la prise en charge des forces.

Cette stratégie s’inscrit dans un programme étalé jusqu’en 2028, comprenant la formation, la spécialisation et le perfectionnement des militaires, des officiers et sous-officiers, ainsi que des instructeurs. Elle inclut aussi la construction, la réhabilitation et l’entretien d’infrastructures militaires. Le gouvernement prévoit également d’intensifier les opérations ciblées contre les groupes armés à l’intérieur du pays.

La hausse de l’effort sécuritaire n’est pas nouvelle. En 2025, la défense, la sécurité publique et la justice représentaient déjà 13,12 % du budget, soit une augmentation de 25 % sur un an. Malgré cette progression, les besoins sont restés importants : la persistance du conflit armé a entraîné des dépenses exceptionnelles et accru la pression sur les finances publiques, alors même que les combats se poursuivent en dépit des avancées diplomatiques.

Une augmentation de 16 % pour le budget global en 2026

Selon les autorités congolaises, l’équilibre général du budget ne devrait pas être profondément modifié. Elles citent l’exemple de 2025 : les dépassements liés à la sécurité auraient été compensés par des économies sur le train de vie de l’État et par une bonne collecte des recettes, une analyse également confirmée par le FMI.

Pour 2026, le gouvernement affirme qu’aucun autre secteur ne sera pénalisé, notamment parce que le budget global augmente d’environ 16 % par rapport à 2025. Les dépenses d’investissement progressent sur le papier et représenteraient 36 % du budget général, avec un accent placé sur les projets sociaux et générateurs de croissance.

Cependant, les chiffres d’exécution budgétaire racontent une autre histoire. En début d’année 2025, les investissements étaient prévus à près de 22 000 milliards de francs congolais ; selon un rapport du ministère du Budget, ils ne devraient atteindre qu’environ 14 000 milliards d’ici la fin de l’année, soit une chute d’environ 35 %. Dans le même temps, les dépenses de fonctionnement des institutions — un poste particulièrement coûteux — continuent de croître fortement.