Afrique

Le dessalement d’eau de mer, un pilier de la stratégie hydrique marocaine

Le royaume ambitionne de créer une industrie nationale du dessalement en lançant plusieurs grands projets de production durable pour contrer les effets de la crise hydrique. Le marché marocain du dessalement devrait passer de 400 millions de dollars en 2024 à 850 millions en 2033.

Face à la crise hydrique, à la raréfaction des sources d’eau douce et à la croissance démographique, le Maroc doit « redoubler d’efforts, de vigilance et d’innovation », selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, cité ce 16 novembre par le site d’information local Hespress. Dans sa réponse à une question parlementaire écrite, il a fait savoir que la crise de l’eau constituait désormais l’un des défis les plus pressants pour le pays.

Élevée au niveau d’enjeu stratégique majeur pour le Maroc, la situation hydrique inquiète les autorités, sur fond de sécheresse, de changement climatique et de croissance de la demande dans le royaume, comme l’explique Ryad Mezzour. Pour tenter de remédier à ce problème urgent, le ministère de l’Industrie et du Commerce travaille sur le développement d’une industrie nationale dédiée au dessalement de l’eau de mer, sur la formation d’ingénieurs et de techniciens spécialisés et tente d’encourager la création d’entreprises locales spécialisées dans la conception, la réalisation et l’entretien des stations de dessalement.

Un marché de 850 millions à l’horizon 2033

Un rapport du cabinet international Renub Research, cité par la plateforme d’information MaaDialna du ministère de l’Équipement et de l’Eau, a indiqué que le marché marocain du dessalement devrait passer de 400 millions de dollars en 2024 à 850 millions en 2033, avec une hausse de 112 % et un taux de croissance annuel moyen estimé à 8,74 % sur la période 2025-2033. Dans le cadre de son programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, le gouvernement marocain entend multiplier les projets structurants de dessalement pour tenter de contrer la crise hydrique.

Produire 1,7 milliard de mètres cubes d’eau dessalée par an à l’horizon 2030

Le Maroc compte actuellement 17 stations de dessalage, dont trois à usage industriel. Selon le site H24 Info, l’objectif du pays est d’atteindre une capacité de production de 1,7 milliard de mètres cubes d’eau dessalée par an à l’horizon 2030. Pour ce faire, le gouvernement a lancé les projets phares de quatre nouvelles stations, dont celle de Casablanca-Settat, qui devrait fournir jusqu’à 300 millions de mètres cubes par an et bénéficier à près de 7,5 millions d’habitants, l’unité de Nador, dans l’Oriental, avec une production annuelle de 250 millions de mètres cubes, ainsi que la station de Safi, dont la capacité devrait atteindre 86 400 mètres cubes par jour. Neuf autres stations ont été programmées et devraient voir le jour dans les années qui viennent.

Les autorités marocaines comptent sur la technologie de l’osmose inverse pour dessaler l’eau et misent sur les innovations pour réduire la consommation énergétique et améliorer la performance des membranes. La station d’Agadir constitue aujourd’hui un modèle de production durable à grande échelle pour ce secteur industriel grâce à l’intégration des énergies renouvelables, comme le solaire et l’éolien, alliant ainsi l'efficacité de production au respect des engagements climatiques du Maroc.

Il convient de noter que le royaume doit tout de même résoudre des problèmes de taille du dessalement, à savoir les coûts élevés des installations, les exigences techniques pointues et la nécessité d’une distribution équitable de l’eau sur l’ensemble du territoire.