La tension est montée d’un cran à Gabès le 10 octobre après que dix nouveaux cas d’intoxication au gaz ont été recensés dans les quartiers proches du Groupe chimique tunisien (GCT). Ces émanations, composées notamment de soufre et d’ammoniac, ont provoqué des troubles respiratoires chez plusieurs habitants, dont des lycéens. En septembre déjà, une centaine de cas similaires avaient été signalés, alimentant la colère de la population et des militants écologistes.
Depuis plus de 30 ans, le complexe industriel du GCT, spécialisé dans la transformation du phosphate en engrais, est accusé d’être à l’origine d’une grave pollution atmosphérique et marine dans cette région du sud. Malgré une décision gouvernementale datant de 2017 prévoyant sa délocalisation, aucune mesure concrète n’a été appliquée à ce jour.
Le 10 octobre, les militants du collectif Stop Pollution, rejoints par des habitants, ont manifesté devant les locaux du groupe chimique. L’armée a été déployée pour sécuriser le site tandis que la centrale syndicale UGTT a menacé d’une grève générale régionale si la situation sanitaire et environnementale ne s’améliore pas rapidement.
Une réponse présidentielle et un plan d’action annoncé
Le 11 octobre, le président Kaïs Saïed a reçu la ministre de l’Industrie, Fatma Thabet Chiboub, et le ministre de l’Environnement, Habib Obeid, afin d’examiner la situation à Gabès. Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’État a ordonné l’envoi d’une équipe conjointe des deux ministères vers l’usine de production d’acide phosphorique du GCT pour procéder aux réparations nécessaires dans les plus brefs délais.
Kaïs Saïed a souligné le caractère récurrent des manquements dans la maintenance et le contrôle technique des équipements, qui auraient contribué aux récentes fuites de gaz. Il a également demandé la mise en place d’un plan stratégique inspiré des propositions formulées il y a plus d’une décennie par des jeunes de Gabès, afin d’éradiquer durablement les causes de ces catastrophes environnementales.
Le président a enfin insisté sur la responsabilité des autorités locales et des gestionnaires du site, affirmant qu’il n’y aurait « aucune tolérance envers ceux qui ont manqué à leurs devoirs » et qu’il refusait toute « instrumentalisation politique » de la situation. Il a réaffirmé que les habitants de Gabès, « comme tous les Tunisiens, ont droit à un environnement sain » et qu’ils demeurent « la richesse et la force de la nation ».