Afrique

Le Premier ministre sénégalais propose d’abandonner l’usage du vocable «tirailleurs sénégalais»

Ousmane Sonko a proposé la dénomination plus inclusive de «tirailleurs africains», dans une démarche mémorielle visant à rendre justice aux combattants africains exécutés brutalement à l’époque coloniale française.

Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, s’est rendu au cimetière des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 7 octobre, où il a appelé à en finir avec l’usage du vocable « tirailleur sénégalais » pour revenir à l’appellation « tirailleurs africains ».

Pour le chef du gouvernement, « perpétuer l’appellation “tirailleurs sénégalais”, c’est accepter également la logique colonialiste. Ils n’étaient pas tirailleurs sénégalais seulement, ils étaient Africains », a-t-il affirmé, estimant que le terme « tirailleurs africains » est bien plus inclusif et rend hommage aux dix-sept nationalités africaines qui avaient combattu aux côtés de la France. « Il est temps de restituer la vérité historique », a-t-il déclaré.

Ousmane Sonko était accompagné du vice-président sud-africain Paul Mashatile, et des Premiers ministres nigérien et burkinabè, Ali Mahaman Lamine Zeine et Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo.

Thiaroye 1944 : restaurer la vérité historique

Pour Ali Mahaman Lamine Zeine, la visite fut un moment d’émotion, rappelant le massacre tragique perpétré sur ce site. La confédération des pays concernés effectuera des concertations afin d’examiner les moyens de rétablir la vérité historique, a-t-il annoncé.

Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo a fait part, lui aussi, de l’émotion intense suscitée par cette visite sur un site qui demeure, selon ses termes, le témoin de la cruauté, de la barbarie et surtout de l’ingratitude du colon. Le chef du gouvernement burkinabè a profité de l’occasion pour remercier les autorités sénégalaises pour cette initiative mémorielle et a exprimé son soutien aux chercheurs et aux forces armées engagés dans les travaux de fouilles archéologiques en cours à Thiaroye, où des tirailleurs africains qui réclamaient leurs soldes furent massacrés par l’armée française en 1944.

Ce travail vise à établir le nombre précis des victimes et à localiser les éventuelles fosses communes où leurs dépouilles auraient été ensevelies, une étape jugée décisive pour lever les zones d’ombre de cet épisode.

Démarche de mémoire collective

L’initiative du Premier ministre sénégalais s’inscrit dans une démarche de mémoire collective et de reconnaissance continentale. Il a déclaré qu’« un peuple qui ne connaît pas son histoire ne peut pas se projeter dans son avenir », soulignant que les événements de Thiaroye sont un symbole d’une Afrique unie dans le sacrifice.

Au terme de la visite, les chefs de gouvernement africains ont signé le livre d’or dédié à la mémoire des tirailleurs exécutés.