Afrique

Maroc : dans une lettre au roi Mohammed VI, GenZ 212 appelle à la démission du gouvernement

Après six jours de mobilisation à travers le Maroc, le collectif de jeunes GenZ 212 a appelé à la démission du gouvernement et adressé une lettre au roi Mohammed VI. Les autorités, tout en réaffirmant leur disposition au dialogue, défendent l’action des forces de l’ordre après des violences meurtrières à Agadir.

Depuis le 27 septembre, le Maroc est secoué par un mouvement de contestation inédit, mené par le collectif GenZ 212, qui regroupe sur la plateforme Discord plus de 150 000 jeunes. Né à la suite du décès de huit femmes dans un hôpital public d’Agadir, ce mouvement spontané dénonce la dégradation des services publics, en particulier dans les secteurs de la santé et de l’éducation, et fustige la corruption.

La GenZ interpelle le roi Mohammed VI

Après plusieurs journées de manifestations, parfois marquées par des affrontements, le collectif a publié dans la nuit du 2 au 3 octobre un communiqué appelant à la démission du gouvernement. Dans ce texte adressé au roi Mohammed VI, GenZ 212 accuse l’exécutif d’avoir « échoué à protéger les droits constitutionnels des Marocains » et réclame l’ouverture d’un « processus judiciaire équitable » pour poursuivre les coupables de corruption. Le mouvement, qui se présente comme apolitique et affirme « agir par amour de la patrie et du roi », insiste sur le caractère pacifique de ses rassemblements.

La contestation a toutefois été marquée par des violences, notamment à Leqliaâ, près d’Agadir, où trois jeunes ont été tués par balles lors de heurts devant une brigade de gendarmerie. Les autorités affirment que les forces de l’ordre ont riposté « en légitime défense » face à une tentative de prise d’assaut. Le ministère de l’Intérieur a également fait état de centaines de blessés, majoritairement parmi les forces de sécurité, et de nombreux actes de vandalisme dans plusieurs villes.

Le gouvernement se dit disposé au dialogue

Face à cette mobilisation, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a déclaré être « disposé au dialogue » et vouloir « répondre aux revendications sociales ». De son côté, le ministre de la Santé, Amine Tehraoui, a reconnu devant le Parlement que les réformes engagées dans son secteur restaient « insuffisantes ».

Les manifestations, qui se sont étendues de Rabat à Casablanca, Marrakech, Tanger ou encore Agadir, rassemblent chaque soir des centaines de jeunes scandant des slogans tels que « liberté », « justice » ou encore « on veut des hôpitaux, pas des stades », en référence aux investissements consentis pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations en décembre et de la Coupe du monde 2030.

Alors que les rassemblements se poursuivent, GenZ 212 a appelé ses membres à maintenir le caractère pacifique du mouvement, mais a réaffirmé sa détermination à poursuivre la mobilisation tant que ses revendications ne seront pas satisfaites.