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Sénégal : les réactions face à la nouvelle formation gouvernementale

Le remaniement ministériel a soulevé plusieurs réactions tant auprès de la classe politique que dans la rue sénégalaise. Entre inquiétudes des uns et espoirs des autres, le nouveau gouvernement devra tenir ses promesses, tout en gérant un contexte économique tendu.

Au lendemain de l’annonce du nouveau gouvernement sénégalais, après le remaniement du 6 septembre, les réactions se sont multipliées dans le pays. Salué du côté du pouvoir et des partis alliés, critiqué du côté de l’opposition, le remaniement doit cependant tenir ses promesses et répondre aux attentes des Sénégalais.

Les changements les plus importants ont eu lieu à la tête des ministères de la Justice, de l’Intérieur et des Affaires étrangères, qui seront désormais dirigés respectivement par Yassine Fall, l’ancienne cheffe de la diplomatie sénégalaise, Mouhamadou Bamba Cissé, avocat du Premier ministre Ousmane Sonko, et Cheikh Niang, ancien ambassadeur auprès de l’ONU à New York et dans plusieurs pays.

Dans son allocution, juste après l’annonce de la nouvelle liste gouvernementale, le Premier ministre a affirmé que la « justice a été placée au sommet de la hiérarchie gouvernementale, juste après le Premier ministre », soulignant l’importance accordée à ce portefeuille qui concentre une bonne part des attentes des citoyens. Rappelant l’importance de ce ministère dans l’agenda 2050 du président Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko a déclaré : « Nous veillerons à ce que, aussi bien en termes de réformes à faire qu’en termes de fonctionnement au quotidien de la Justice, cet outil se réconcilie avec les Sénégalais et reconquière la confiance de l’ensemble des Sénégalais. »

Inquiétudes du côté de l’opposition

La nomination de Yassine Fall, qui est aussi membre du parti au pouvoir, PASTEF, incarnerait, selon l’opposition sénégalaise, une volonté de l’exécutif d’exercer une pression sur le judiciaire.

Selon le chef du parti AGIR (Alliance Générationnelle pour les Intérêts de la République), Thierno Bocoum, « le départ du ministre de la Justice, Ousmane Diagne, ne peut passer sous silence », dans la mesure où ce changement laisse craindre une volonté de faire « sauter le verrou » d’une justice déjà fragilisée, afin de la mettre davantage au service des intérêts partisans du Premier ministre et de ses militants. Il a rappelé que la majorité de la classe politique sénégalaise a toujours souhaité des personnalités neutres.

Cette posture est aussi valable pour le ministre de l’Intérieur, garant des libertés publiques et de la régulation démocratique, qui ne peut s’accommoder d’une partialité manifeste.

Les attentes des citoyens sénégalais

Du côté de la rue sénégalaise, les jeunes ont beaucoup d’attentes en matière de création d’emplois, selon Sidy Lamine Ndiaye, responsable logistique de profession, qui s’est exprimé au micro de RT : « Je m’attends à ce que vraiment les choses aillent vite, parce que la jeunesse a été au cœur du combat et nous l’avons portée jusqu’ici, donc je pense qu’avec un peu d’effort, les choses vont aller mieux. »

Pape Dia, un retraité sénégalais, a déclaré qu’il faut prier pour que ce gouvernement réussisse, exprimant son optimisme pour l’avenir du pays. Un autre retraité, Ibrahima Sall, a, pour sa part, déclaré : « L’homme Ousmane Sonko, l’homme Bassirou Diomaye Faye œuvrent pour le développement du Sénégal et pour un lendemain meilleur de notre pays. Tout début est difficile, avec cette conjoncture, avec l’ancien gouvernement et tous les problèmes qu’ils ont légués au gouvernement actuel, honnêtement, ce n’est pas facile. »

Un autre citoyen, Saer Tambédou, marchand ambulant, a déclaré à RT : « Nous leur demandons de faire de l’emploi une priorité. Sur cette question, les régimes précédents ont fait des promesses sans les respecter. Maintenant que nous avons élu des jeunes, nous leur demandons de ne pas faire la même chose et de respecter leurs engagements. Ils doivent tirer les leçons du passé pour ne pas commettre les mêmes erreurs et les mêmes fautes. »

Le remaniement est survenu sur fond de tensions économiques, avec un déficit budgétaire estimé à 14 % du PIB du Sénégal et une dette publique de 119 % du PIB. Le chômage touche environ 20 % de la population, tandis que le taux de pauvreté est de 35,7 %. Ce nouveau gouvernement aura pour mission de répondre à ces urgences économiques et sociales, tout en poursuivant les réformes promises par le président et le Premier ministre.