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Algérie : les consulats et instituts français confrontés à une réduction de moyens après la fin des loyers gratuits

Alger a annoncé la renégociation de tous les baux immobiliers occupés par la France sur son territoire au prix du marché. Cette décision, qui met fin à plus de 60 ans de pratiques privilégiées, pourrait avoir des conséquences financières et pratiques importantes pour l’ambassade, les consulats et les instituts français en Algérie.

Pendant plus de six décennies, la France a bénéficié en Algérie d’un vaste patrimoine immobilier diplomatique à des conditions avantageuses, souvent gracieuses ou symboliques.

Le 7 août, les autorités algériennes ont mis fin à cette situation, décidant que désormais tous les locaux diplomatiques français seraient soumis aux loyers du marché.

L’ambassade de France occupe près de 18 hectares à El Mouradia, l’un des quartiers résidentiels les plus prisés d’Alger. À proximité, la résidence de l’ambassadeur s’étend sur 4 hectares, tandis que les consulats d’Oran, Constantine et Annaba, ainsi que les Instituts français, sont également installés dans des bâtiments emblématiques.

Selon les estimations, la réévaluation des loyers pourrait représenter plusieurs millions d’euros par an, un coût que le budget du ministère français des Affaires étrangères devra absorber.

Une décision qui risque d'impacter le fonctionnement des services diplomatiques

Mais au-delà des aspects financiers, cette décision pourrait affecter le fonctionnement des services diplomatiques et culturels. Les consulats, qui traitent chaque année des dizaines de milliers de démarches administratives (passeports, actes d’état civil, visas, aides sociales), risquent de voir leurs capacités réduites en cas de relocalisation ou de diminution des espaces disponibles. Une telle évolution pourrait rallonger les délais et compliquer l’accès des usagers, notamment dans les régions éloignées.

Les instituts français, lieux clés de coopération culturelle et linguistique, sont également concernés. Ces établissements accueillent chaque année des milliers de jeunes pour des cours de français, des certifications ou des événements culturels. Une hausse importante des loyers pourrait conduire à une réduction des activités ou à la fermeture de certains sites, ce qui fragiliserait la présence culturelle française en Algérie.

La scolarité des enfants inscrits dans les établissements français pourrait aussi être touchée, certains d’entre eux s’appuyant sur des infrastructures partagées avec l’ambassade ou les instituts. Une relocalisation pourrait entraîner des contraintes supplémentaires pour les familles, tant en termes de coût que de logistique.

Alger rééquilibre sa relation avec Paris

Pour Alger, cette décision représente un rééquilibrage des relations bilatérales. Les autorités rappellent que les représentations diplomatiques algériennes en France paient leurs loyers sans bénéficier de privilèges particuliers. En révisant ces accords tacites hérités de l’indépendance, l’Algérie affirme sa souveraineté foncière et adopte une approche plus contractuelle dans ses relations avec Paris.

Si l’impact financier est certain pour la France, les répercussions pourraient surtout se faire sentir au quotidien pour les citoyens français résidant en Algérie ainsi que pour les Algériens francophiles. Le réseau diplomatique et culturel, jusque-là largement accessible, risque de se retrouver contraint par le prix du mètre carré.