Les autorités algériennes ont réagi ce 7 août à la lettre adressée par le président français à son Premier ministre appelant à suspendre « formellement » l’accord de 2013 avec Alger « concernant les exemptions de visa sur les passeports officiels et diplomatiques ». À la lumière des explications fournies au Chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie en France par le Quai d’Orsay, la diplomatie algérienne a décidé d’appliquer le principe de réciprocité.
« Désormais, les visas qui seront accordés aux titulaires français de passeports diplomatiques et de service obéiront, en tous points, aux mêmes conditions que celles que la partie française imposera à leurs homologues algériens », a déclaré le ministère algérien des Affaires étrangères, par voie de communiqué rendu public par l’agence officielle Algérie Presse Service (APS).
La lettre de Macron « exonère » la France de l’intégralité de ses responsabilités
Selon le texte du communiqué, la lettre adressée par Emmanuel Macron à François Bayrou « exonère la France de l’intégralité de ses responsabilités et fait porter tous les torts à la partie algérienne ». L’accusation est réfutée par la partie algérienne qui a affirmé que « dans toutes ses phases, la crise actuelle a régulièrement donné lieu à des communiqués officiels du ministère algérien des Affaires étrangères. Ces communiqués ont systématiquement établi les responsabilités dans l’escalade et révèlent que les réactions et les contre-mesures que les autorités algériennes ont pu adopter s’inscrivaient strictement et rigoureusement dans le cadre de l’application du principe de réciprocité ».
Gestion de la crise en termes de rapports de force
Selon la diplomatie algérienne, « dès la survenance de cette crise, de son propre fait, [la France] a posé sa gestion en termes de rapports de force » en procédant à des injonctions, ultimatums et sommations. « C’était ignorer, bien légèrement, que l’Algérie ne cède pas à la pression, à la menace et au chantage, quels qu’ils soient. Ce sont ces constats qui dictent aujourd’hui la réponse algérienne à la lettre adressée par le chef d’État français au chef de son exécutif », déclare le ministère algérien.
Une présentation biaisée
En reprochant « une présentation biaisée de la problématique des accréditations du personnel diplomatique et consulaire dans les deux pays » faite par la lettre d’Emmanuel Macron, les Affaires étrangères algériennes ont indiqué que « depuis plus de deux années, c’est la France qui a pris l’initiative de ne pas accorder les accréditations en question au personnel consulaire algérien, dont trois Consuls Généraux et Cinq Consuls. À ce sujet, comme dans d’autres, l’Algérie n’a fait qu’appliquer le principe de réciprocité ». La même source a affirmé qu’en cas de levée des entraves de la partie française, « l’Algérie répondra par des mesures similaires. Cette position a été déjà notifiée aux autorités françaises, elle demeure en vigueur ».
Pour rappel, le président français Emmanuel Macron a adressé le 6 août une missive demandant « des décisions supplémentaires » à son chef de gouvernement François Bayrou incitant à agir « avec plus de fermeté et de détermination » envers l’Algérie, invoquant le « sort réservé » à l’écrivain Boualem Sansal et au journaliste Christophe Gleizes, tous deux condamnés à des peines de prison en Algérie. Il a appelé à suspendre l’accord de 2013 avec Alger « concernant les exemptions de visa sur les passeports officiels et diplomatiques ».
Ce nouvel épisode de crise entre la France et l’Algérie fait suite à une longue série de tensions qui ont démarré avec la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par la France et se sont ravivées notamment par les décisions, jugées hostiles à l’Algérie, du ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau.