La France a officiellement rétrocédé la station d’émission interarmées de Rufisque au Sénégal, le 1ᵉʳ juillet 2025, dans le cadre du processus de réajustement du partenariat franco-sénégalais qui devrait mettre un terme à la présence des Éléments français au Sénégal (EFS), une force militaire qui opérait dans ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis la fin de l’ère coloniale.
L’infrastructure militaire stratégique de Rufisque, située à une trentaine de kilomètres au sud de Dakar, était utilisée depuis 1960 et servait de centre névralgique aux liaisons entre navires, avions et forces terrestres opérant dans l’Atlantique, ainsi qu’à des fonctions de surveillance et d’écoute.
Le processus de rétrocession s’est limité à la signature d’un procès-verbal sans aucune cérémonie pour marquer le passage de la base sous contrôle sénégalais, précise la presse française.
Le retrait progressif des emprises militaires françaises du Sénégal a été enclenché en février 2025, à la suite d'un accord entre Paris et Dakar. Les emprises militaires de Maréchal et de Saint-Exupéry ont été restituées en mars dernier, suivies par la rétrocession du quartier contre-amiral Protêt, situé au port de Dakar, au mois de mai.
Après la restitution de Rufisque, il ne reste plus que deux infrastructures à restituer : l’escale aéronautique à l’aéroport militaire de Dakar et l’emprise du parc de Hann, liée au programme Recamp (Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix).
La rue sénégalaise célèbre une souveraineté retrouvée
Dans la rue sénégalaise, cette reprise de souveraineté est largement saluée. « À quoi nous servent-ils ? Absolument à rien », s’insurge Ousseynou Kebe, évoquant les quatre kilomètres carrés de la base française qui auraient, selon lui, mieux servi à un hôpital, une école ou un cimetière. « Il était grand temps que les colons quittent notre pays », renchérit Talla Ndiaye, en appelant à une souveraineté sans dépendance : « Nous n'avons plus besoin d’eux ».
Si certains, comme lui, refusent toute occupation, d’autres pointent la nature asymétrique du lien historique avec Paris. « Ce qui se passait ici, c’était de l’esclavage moderne », tranche Ndiaye. Moussa Dioum, habitant de Rufisque, dénonce quant à lui une relation « jamais sincère » : « Nous devons être souverains et œuvrer à notre propre développement ».
À Séville, Faye et Macron évoquent un partenariat « refondé »
La rétrocession survient au lendemain d’une rencontre à Séville entre les présidents Bassirou Diomaye Faye et Emmanuel Macron, en marge de la Conférence internationale sur le financement du développement. Le chef d’État sénégalais a souligné « la coopération bilatérale et les enjeux régionaux d’intérêt commun », tandis que son homologue français a évoqué une refonte du partenariat « au service de nos peuples et de notre souveraineté ».
Après les retraits successifs du Tchad, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire, la base de Djibouti demeure la seule implantation militaire française permanente sur le continent africain.