Le parquet financier sénégalais a saisi, le 20 juin, la Division des investigations criminelles (DIC) dans le cadre d'une enquête relative à un contrat d'équipement militaire d’une valeur de 45,3 milliards de FCFA (environ 75 millions de dollars).
La justice sénégalaise cherche à éclaircir plusieurs zones d'ombre autour de ce contrat conclu en décembre 2021 sous la présidence de l'ex-chef de l’État Macky Sall.
Un marchand d'armes israélien et un courtier nigérien
Ce marché public a été attribué le 30 décembre 2021 à la société Lavie Commercial Brokers-SUARL, une entreprise enregistrée à Dakar seulement six semaines plus tôt, le 16 novembre 2021. Le contrat a été signé entre le ministère sénégalais de l’Environnement et David Benzaquen, un ancien employé du marchand d’armes israélien Gaby Peretz.
D'après la presse sénégalaise, le numéro de téléphone figurant sur les documents de création de Lavie Commercial Brokers-SUARL est relié à Aboubacar Hima, alias « Petit Boubé », un courtier nigérien bien connu dans le secteur de l’armement en Afrique de l’Ouest. Ce dernier aurait ouvert deux comptes dans une même banque sénégalaise au nom de ses sociétés Technologie Service International (TSI) et Eurocockpit.
Une avance et des transactions financières suspectes vers l’étranger
Avant même l’exécution du contrat, une avance de 34 milliards de FCFA a été versée, ce qui alimente aujourd’hui de forts soupçons quant à l’existence d’un système de pots-de-vin.
Selon un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), relayé par la presse locale, « des virements de 3,09 milliards ont été effectués depuis Lavie et Eurocockpit vers TSI. Ces fonds ont ensuite été ventilés via virements, retraits en espèces massifs et transferts de devises vers l’étranger ».
Toujours selon la Centif, Petit Boubé aurait ensuite retiré 565,5 millions de FCFA en chèques après la signature du contrat, avant de tenter de les transférer à l'étranger en invoquant un contrat classé « secret défense ».
Les noms de A. Jacques et A. Loum figurent dans le rapport comme ayant respectivement bénéficié, le 27 février 2023, d’une mise à disposition de 85 millions et 150 millions de FCFA provenant de l’avance. Le lendemain, 185 millions de FCFA ont été retirés en espèces.