Un agent de la police kényane a été arrêté pour avoir tiré sur un civil non armé à Nairobi, au cours de manifestations déclenchées par la mort en garde à vue du blogueur Albert Ojwang.
Selon Associated Press, le policier, le visage masqué, aurait fait feu à bout portant avec un fusil antiémeute sur un vendeur ambulant. La victime, blessée à la tête, a été hospitalisée avec au moins dix autres personnes.
Mort suspecte en détention
L’affaire survient dans un climat de forte tension. Des manifestations ont éclaté au Kenya après la mort du blogueur et enseignant Albert Ojwang, au début du mois, à la suite de son interpellation pour diffamation présumée envers le chef adjoint de la police, Eliud Lagat, sur les réseaux sociaux.
D’après les médias locaux, Albert Ojwang, 31 ans, a été placé en garde à vue le 7 juin dernier dans le village de Kakoth, dans le comté de Homa Bay, après une plainte déposée en vertu de la loi sur l’utilisation abusive des ordinateurs et la cybercriminalité.
Il a ensuite été transféré à près de 400 km du commissariat central de Nairobi.
Une autopsie contredit la version officielle
Deux jours après son arrestation, il a été retrouvé inconscient dans sa cellule, avant de décéder plus tard à l’hôpital de Mbagathi.
Les autorités ont initialement affirmé qu’Albert Ojwang s’était suicidé en se cognant la tête contre le mur de sa cellule, mais une autopsie indépendante a révélé que ses blessures provenaient d’une agression.
Deux officiers supérieurs et un technicien de vidéosurveillance, appelé pour démonter le matériel de surveillance du commissariat, ont été interpellés dans le cadre de cette affaire.
Manifestations récurrentes
Les manifestations se sont intensifiées le 17 juin, violemment réprimées par la police antiémeute. Des motards non identifiés ont attaqué les manifestants pour les disperser, selon les agences Reuters et AP.
Le président William Ruto a jugé la mort du blogueur « déchirante et inacceptable ».
Les manifestations violentes sont relativement fréquentes au Kenya. L’année dernière, des dizaines de personnes ont été tuées lors d’une vague de protestations nationales contre un projet de loi de finances controversé visant à lever 2,7 milliards de dollars pour le service de la dette publique.