Deux agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française ont été expulsés d'Algérie le 10 mai. Selon la chaîne algérienne AL24 News, ces agents, envoyés par le ministère français de l'Intérieur dirigé par Bruno Retailleau, sont arrivés en Algérie munis de passeports diplomatiques, mais sans notification préalable ni accord officiel des autorités algériennes.
Leur présence a été jugée comme une violation des procédures diplomatiques, ce qui a conduit à leur expulsion immédiate et à leur déclaration comme personæ non gratæ. Le ministère français de l'Intérieur n'a pas encore commenté officiellement cette affaire.
Ce nouvel incident s'inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre la France et l'Algérie. En avril dernier, l'Algérie avait expulsé 12 agents français en poste à l'ambassade et dans les consulats, en réaction à l'arrestation en France d'un agent consulaire algérien impliqué dans l'enlèvement présumé de l'opposant Amir DZ. La France avait répliqué en expulsant 12 agents diplomatiques algériens.
Bras de fer diplomatique
L'expulsion récente des deux agents de la DGSI semble être une nouvelle escalade dans cette série de représailles diplomatiques. Elle souligne la fragilité des relations bilatérales et la méfiance persistante entre les deux pays, notamment en matière de sécurité et de renseignement.
La crise diplomatique entre Paris et Alger remonte à fin juillet 2024 quand Emmanuel Macron a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, qualifiant le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 de « seule base » pour résoudre le conflit. Cette position a été perçue par l'Algérie, soutien du Front Polisario, comme un affront majeur, entraînant le rappel de son ambassadeur à Paris et l'annulation d'une visite d'État du président Abdelmadjid Tebboune prévue en septembre 2024.
Les dirigeants des deux pays multiplient depuis les joutes verbales et les accusations réciproques dans un contexte de plus en plus tendu, qualifié début février par Abdelmadjid Tebboune de « délétère ». Ces tensions, ponctuées de plusieurs incidents diplomatiques, s'inscrivent dans un contexte de relations franco-algériennes déjà fragilisées par plusieurs différends, notamment liés à la mémoire coloniale, aux questions migratoires et à des positions divergentes sur des dossiers stratégiques.