La justice tchadienne a condamné, le 9 mai, Idriss Youssouf Boy, l’ancien directeur de cabinet du président Mahamat Idriss Déby Itno, et son coaccusé, l’homme d’affaires About Hassan Bouder, à cinq ans de réclusion ferme pour corruption active et abus de fonction. Les deux hommes devront également s’acquitter chacun d’une amende d’un million de francs CFA (plus de 1 700 dollars américains). Le procureur de la République à N’Djamena avait requis une peine de dix ans de prison ferme contre les deux accusés, alors que les trois autres prévenus dans le cadre de la même affaire ont été déclarés non coupables.
Procès à huis clos
L’ouverture du procès, qui s’est tenu à huis clos, a eu lieu dans la journée du 6 mai dans les locaux des services des renseignements généraux. Le juge a entendu au moins huit témoins, selon les comptes-rendus des audiences rapportés par la chaîne de télévision MRTV. Dans cette affaire, Idriss Youssouf Boy, cousin et ami d’enfance du président tchadien, est accusé par l’homme d’affaires About Hachim Bouder d'un détournement de fonds d’un montant d’environ 11,8 milliards de francs CFA (soit plus de 20 millions de dollars) entre les années 2021 et 2023 qui devaient servir à la construction d’infrastructures dans l’est du pays. Selon About Hachim Bouder, l’ancien chef de cabinet s’est présenté comme agissant sous mandat présidentiel pour exiger les fonds.
Plaignant et accusé interpellés et placés en détention
Le ministère public avait interpellé et placé en détention le plaignant et l’accusé. Dans les faits, l'homme d'affaires About Hachim Bouder est accusé de corruption active pour avoir versé, en 2021, près de 10 milliards de FCFA (plus de 17 millions de dollars) à Idris Youssouf Boy pour obtenir des marchés étatiques au profit de sa compagnie de travaux publics Hachim Business Center, alors que l’ancien chef de cabinet présidentiel est accusé de corruption passive, pour perception d’argent, afin de garantir l’obtention de ces marchés.
Pour sa part, Idriss Youssouf Boy a nié en bloc les accusations portées contre lui, malgré les témoignages accablants. Il reconnaît néanmoins un « emprunt » d’un milliard de francs (plus de 1,7 million de dollars) à une société appartenant à l’homme d’affaires. La presse locale a rapporté qu’une tentative de résolution du différend par serment sur le Saint Coran avait été rejetée par la défense. Les avocats de l’ancien directeur de cabinet du président ont annoncé faire appel de ce jugement.