En Tunisie, la Fête du Travail a pris une dimension de contestation ouverte. L’Union générale tunisienne du travail (UGTT), acteur historique du mouvement syndical, a profité du 1er mai pour dénoncer son éviction du processus de révision du Code du travail. Dans un communiqué publié le 28 avril, la centrale avait dénoncé une « politique d’exclusion délibérée » et une approche « opaque » du gouvernement, jugée contraire aux engagements internationaux de la Tunisie.
Le contexte économique tendu ajoute à la colère syndicale. L’UGTT réclame une revalorisation salariale urgente, déplorant l’érosion constante du pouvoir d’achat. Pour marquer ce jour symbolique, une mobilisation a eu lieu à Tunis, place Mohamed Ali, avant une marche en direction de la place du 14 janvier.
Par ailleurs, selon Kapitalis, une autre manifestation a rassemblé des militants pour protester contre « la dérive autoritaire du régime de Kaïs Saïed » et soutenir l’avocat emprisonné Ahmed Souab. Cette marche a relié le Tribunal administratif à l’avenue Habib Bourguiba, mobilisant diverses forces politiques. Le porte-parole de l’UGTT, Sami Tahri, a affirmé : « Au lieu de restreindre les libertés, il faudrait ouvrir un dialogue national inclusif sur les grands enjeux du pays », tout en défendant l’indépendance de l’organisation face aux attaques internes.
Algérie : unité institutionnelle autour du travail
En Algérie, le 1er mai s’est déroulé dans un climat d’unité et de reconnaissance institutionnelle. L’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a organisé une cérémonie solennelle à la Maison du Peuple, avec la participation de représentants de l’État et des partenaires sociaux.
Cette approche officielle vise à affirmer la stabilité sociale et le respect des acquis. Aucune revendication n’a été mise en avant par les grandes centrales syndicales, signe d’un dialogue structuré entre les autorités et les acteurs sociaux. La Fête du Travail en Algérie s’inscrit ainsi dans une tradition de concertation et de continuité, sans tensions majeures apparentes.
Maroc : colère syndicale face à la crise sociale
Au Maroc, la célébration du 1er mai a été marquée par une forte mobilisation syndicale. Dans les grandes villes comme Casablanca, Rabat, Tanger et Marrakech, les cortèges ont dénoncé la flambée des prix et l’effondrement du pouvoir d’achat. L’Union marocaine du travail (UMT) a déclaré que « cette fête du Travail se tient dans des conditions exceptionnellement difficiles », tandis que l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM) a critiqué la « méthodologie autoritaire » du gouvernement.
Les revendications sont claires : augmentation du SMIG, revalorisation des retraites, révision des allocations familiales et ouverture de négociations dans les secteurs publics clés. Les syndicats marocains réclament un vrai dialogue social, face à un exécutif perçu comme fermé à la concertation.
Une région en tension, un même appel à la justice sociale
Malgré des contextes différents, les trois pays du Maghreb expriment, chacun à leur manière, les mêmes préoccupations : lutte contre la précarité, défense des droits syndicaux et besoin de dialogue réel. Si l’Algérie conserve une ligne protocolaire, la Tunisie et le Maroc montrent que la Fête du Travail reste un levier fort pour porter la voix des travailleurs et rappeler l’urgence sociale dans la région.