Afrique

Nord-Kivu: l’AFC/M23 consolide son emprise territoriale, la population entre pressions économiques et évacuations militaires

Au Nord-Kivu, l’Alliance du Fleuve Congo/M23 renforce son autorité sur les zones occupées en instaurant une administration économique parallèle, pendant que les populations civiles et militaires subissent les conséquences d’une insécurité persistante.

Une note circulaire signée le 30 avril 2025 par les dirigeants autoproclamés du groupe armé AFC/M23 a instauré un « Bureau d’Enregistrement et de Développement » dans les territoires qu’il contrôle au Nord-Kivu. Selon Média Congo, cette structure impose désormais à tous les opérateurs économiques – commerçants, transporteurs, chauffeurs – de s’enregistrer pour obtenir un certificat d’exercice. Présentée comme un mécanisme de « transparence » et de « développement local », cette mesure est perçue comme une tentative de légitimer l’autorité du groupe rebelle et de capter les ressources économiques locales.

Toujours selon Média Congo, de nombreux analystes alertent sur le fait que le M23 s’arroge ainsi des prérogatives réservées à un État souverain : délivrance de documents, collecte de fonds et encadrement économique. Derrière cette façade administrative, c’est une logique de contrôle politique et financier qui se met en place, en totale violation des lois de la République Démocratique du Congo.

Les civils de retour face aux milices locales

Dans le même temps, les populations qui regagnent difficilement leurs localités après des mois de déplacement continuent de faire face à d'autres formes de pression. À Pinga, les habitants qui reviennent après l’offensive de l’AFC/M23 sont confrontés à de nouvelles « tracasseries » imposées par les miliciens. Ces derniers exigent des paiements mensuels sous forme de « jetons de sécurité », une pratique dénoncée par plusieurs civils comme une extorsion.

Un habitant, interrogé par Actualité Congo, confie : « Nous venons juste de rentrer. Nous n'avons rien. Pourquoi nous faire souffrir doublement ? ». Cette pression financière pousse même certains déplacés à retourner en brousse, redoutant les abus des miliciens.

Une évacuation encadrée des militaires et policiers

Pendant ce temps, une opération d’évacuation humanitaire a été lancée à Goma pour exfiltrer plusieurs centaines de militaires, policiers et leurs familles coincés depuis la prise de la ville par le M23. Selon L’Interview Congo, cette opération est menée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en coordination avec la MONUSCO et les forces armées congolaises (FARDC). Elle s’inscrit dans un cadre humanitaire et respecte les Conventions de Genève.

Les FARDC ont salué le rôle du CICR, qualifiant son action de « déterminante », et ont remercié la MONUSCO pour avoir protégé les membres des forces congolaises dans ses installations. Le général-major Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, a rappelé que cette opération avait pour but d’assurer la sécurité des personnes concernées, dans le respect du droit international humanitaire.

Malgré les discours d’apaisement et les interventions humanitaires, la situation au Nord-Kivu reste marquée par une occupation militaire illégitime, des administrations parallèles et des pressions constantes sur les populations civiles.