Afrique

Burkina Faso : une tentative de putsch se dénoue avec l’arrestation de plusieurs militaires

Les autorités du Burkina Faso ont annoncé avoir déjoué une nouvelle tentative de coup d’État, préparée depuis la capitale ivoirienne Abidjan. Le ministre burkinabè de la Sécurité, Mahamadou Sana, a communiqué les détails du putsch raté en précisant que de nouvelles tentatives de déstabilisation seraient à redouter.

Le ministre de la Sécurité du Burkina Faso, Mahamadou Sana, a fait savoir sur la chaîne de télévision nationale, au soir du 21 avril, que les autorités avaient déjoué une tentative de putsch contre les institutions de l’État. Le coup d’État devait avoir lieu le 16 avril dernier par un assaut coordonné contre le palais présidentiel.

Un communiqué officiel a indiqué que les services de renseignement avaient intercepté des communications compromettantes impliquant le lieutenant Barry Abdrahmane, un officier en service au bataillon de la justice militaire et des chefs terroristes. Les échanges portaient sur des informations détaillées concernant la sécurité intérieure, les opérations militaires et les positions des forces de défense du Burkina Faso. « Le travail minutieux des services de renseignement a révélé un grand complot en préparation contre notre pays, dont le but ultime est de semer le chaos », a expliqué Mahamadou Sana, ajoutant que des informations sensibles auraient été transmises aux assaillants « dans le but de susciter la révolte contre les autorités ».

Les « cerveaux » du putsch localisés en Côte d’Ivoire

Selon le ministre burkinabè de la Sécurité, « les cerveaux » du coup d'État manqué sont tous localisés en Côte d’Ivoire, y compris le nommé Barry Abdrahmane : « Le complot se poursuit activement depuis le centre des opérations à Abidjan, avec pour objectif de semer le chaos au Burkina Faso avant le mois de juin ».

Le ministère a aussi indiqué que les instigateurs du coup d’État avaient mis en place des stratégies pour désorienter les services de renseignement et les pousser à procéder à des arrestations massives au sein des forces de défense et de sécurité intérieure.

Des sources de presse ont pour leur part indiqué que la surveillance menée sur Barry Abdrahmane aurait révélé un réseau impliquant plusieurs officiers, parmi lesquels le capitaine Jouani Compaoré, le sous-officier Laoko Zerbo, le commandant Frédéric Ouédraogo en service au Centre intégré des opérations, et le commandant Constantin Kaboré, qui aurait fui en Côte d’Ivoire.

Mahamadou Sana a aussi expliqué que les conspirateurs avaient approché des chefs coutumiers et religieux pour rallier d’autres militaires à la tentative de coup d’État. Il a aussi fait savoir que d’après l’enquête, certains Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, une milice composée de supplétifs civils à l’armée) auraient été sollicités et financés pour influencer négativement leurs collègues et susciter la révolte contre l’État.

Des dénonciations spontanées auraient permis aux forces de sécurité de contrecarrer ce plan et de procéder à un coup de filet à Ouagadougou, sans parvenir à arrêter tous les suspects, dont certains avaient réussi à gagner la Côte d’Ivoire, indique la même source.

Il est à noter qu’une tentative de putsch militaire avait été déjouée en septembre 2023 et s’est dénouée avec l’arrestation de quatre militaires et la fuite de deux personnes. Une année plus tard, en septembre 2024, le ministre Mahamadou Sana avait déclaré, à la télévision nationale, que des civils et des militaires burkinabè avaient tenté à plusieurs reprises, depuis la Côte d’Ivoire, de déstabiliser les institutions du pays, épaulés par des puissances étrangères.