Afrique

Affaire de l’agent consulaire : Alger dénonce une arrestation «inédite» et relance la crise avec Paris

L’Algérie accuse la France d’avoir interpellé un «diplomate» sur la voie publique, sans respect des usages, dans une affaire liée à l’opposant Amir DZ. Déplorant des «circonstances inédites» et une instrumentalisation politique, Alger riposte par des expulsions et suspend deux rendez-vous économiques majeurs.

Dans une déclaration télévisée le 15 avril, le secrétaire d’État algérien chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaib, est revenu sur l’arrestation d’un agent consulaire algérien en France, survenue le 8 avril dans ce qu’il qualifie de « circonstances tout à fait inédites ». L’interpellation s’est déroulée sur la voie publique, « sans identification diplomatique préalable », en lien avec l’affaire Amir Boukhors (alias Amir DZ), réfugié en France et recherché par la justice algérienne.

Pour Alger, cette arrestation viole les privilèges et immunités diplomatiques. Chaib dénonce un « argument grotesque », basé sur la géolocalisation du  téléphone de l'intéressé près du domicile de Boukhors. L’affaire, selon lui, aurait été instrumentalisée par des services relevant du ministère français de l’Intérieur, accusé de vouloir torpiller une dynamique de réchauffement bilatéral amorcée début avril.

Face au silence des autorités françaises, l’Algérie a expulsé 12 agents français, une décision qualifiée par Chaib de « souveraine et proportionnée ». Alger insiste ne pas être à l’origine de cette nouvelle crise, qu’elle impute à Paris. Le membre du gouvernement a directement accusé le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau d’être responsable de cette nouvelle dégradation des relations entre les deux pays.

Dans sa déclaration, le secrétaire d’État Sofiane Chaib qualifie l’arrestation du « diplomate » algérien d’acte inédit et provocateur. Selon les autorités françaises, il s’agirait d’un agent consulaire, une distinction importante sur le plan juridique : contrairement aux diplomates au sens strict — régis par la Convention de Vienne de 1961 — les agents consulaires disposent de privilèges et immunités plus limités, encadrés par la Convention de 1963. Toutefois, Alger considère que l’interpellation viole les protections dues à tout représentant officiel, d’autant plus qu’elle aurait eu lieu, selon ses dires, sans notification préalable, sur la voie publique et dans l’exercice présumé de ses fonctions.

Pic de tensions

Ce nouvel épisode s’inscrit dans un contexte de tension diplomatique exacerbée, qui a connu un pic ces derniers jours. Le 14 avril, Alger a expulsé douze diplomates français en poste. Dans la foulée, Paris a rappelé son ambassadeur Stéphane Romatet et annoncé l’expulsion réciproque de douze membres du corps diplomatique algérien.

L’escalade, elle-même, vient de franchir un nouveau seuil avec l’annulation de deux événements économiques majeurs, symboles des liens bilatéraux longtemps portés par la diplomatie économique. Le premier est la visite en Algérie de Rodolphe Saadé, PDG de CMA CGM, géant français du transport maritime et de la logistique. Le second est la rencontre prévue entre les patronats français et algérien, une réunion stratégique visant à renforcer les liens économiques bilatéraux, repoussée sine die.