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Jean-Noël Barrot en Algérie : un plaidoyer pour l’«apaisement» après la crise

Lors de sa visite à Alger le 6 avril, Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a rencontré Abdelmadjid Tebboune en vue de parvenir à un apaisement après huit mois de tensions diplomatiques. Son objectif : relancer une coopération bilatérale fragilisée par le dossier du Sahara occidental et divers litiges.

La visite de Jean-Noël Barrot à Alger, le dimanche 6 avril, marque un tournant dans la relation tumultueuse entre la France et l’Algérie. Après huit mois de crise diplomatique, déclenchée en juillet 2024 par la reconnaissance par Emmanuel Macron de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental, le ministre français des Affaires étrangères a plaidé pour un « apaisement » lors de sa rencontre avec le président Abdelmadjid Tebboune.

 

Barrot plaide pour un «partenariat d’égal à égal» 

 

« Tourner la page des tensions actuelles » et « reconstruire un partenariat d’égal à égal serein et apaisé », tels sont les mots choisis par le ministre français pour qualifier cette tentative de désescalade, à l’issue d’un entretien de plus de deux heures au palais d’El Mouradia.

Cette crise, qualifiée de « période de tension inédite » par le ministre, avait atteint son paroxysme avec la suspension de la coopération sécuritaire par Alger, l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal en novembre 2024, et des désaccords sur la réadmission de ressortissants algériens expulsés de France. Un échange téléphonique entre Macron et Tebboune, le 31 mars, a toutefois permis de poser les bases d’une détente. « Le rideau se lève », a déclaré M. Tebboune à M. Barrot, une formule optimiste reprise par le ministre pour symboliser cette reprise du dialogue.

Concrètement, cette visite vise à « opérationnaliser » la relance bilatérale. Parmi les annonces, la reprise des «contacts entre les services de renseignement» a été saluée comme un pas significatif, notamment dans un contexte de tensions au Sahel. L’Algérie, confrontée à l’instabilité régionale et à la rupture avec l’Alliance des États du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso) après l’incident d’un drone malien abattu, pourrait trouver en la France un allié stratégique. Jean-Noël Barrot a aussi évoqué un « dialogue stratégique sur le Sahel » et une relance de la coopération judiciaire, notamment sur les « biens mal acquis ».

Sur le plan économique et mémoriel, des avancées sont envisagées, mais le cas de Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison, demeure en suspens. Le ministre a appelé à un « geste d’humanité », sans garantie immédiate.

La coopération migratoire, source de frictions avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, progresse prudemment avec une rencontre prévue entre consuls algériens et préfets français. Entre apaisement et vigilance, la relation franco-algérienne avance sur un fil ténu.