Afrique

RDC : la Troïka de la SADC réitère son soutien à Kinshasa et appelle à la fin des hostilités

L'Organe de la SADC sur la coopération en matière de politique, de défense et de sécurité a réitéré le soutien régional et appelé à la fin des hostilités en République démocratique du Congo (RDC), alors que la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, continue sa percée dans l’est du pays.

La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) a tenu le 6 mars un sommet extraordinaire virtuel des chefs d'État et de gouvernement de la Troïka, consacré à la situation dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). La réunion, présidée par la présidente tanzanienne Samia Suluhu, en sa qualité de présidente de l'Organe de la SADC, a réitéré le soutien régional au gouvernement de Kinshasa et appelé à la fin des hostilités, alors que le groupe armé M23, soutenu par les forces rwandaises, contrôle plusieurs territoires dans l’est de la RDC.

Dans son discours d'ouverture, Samia Suluhu a souligné que la région de la SADC ferait de son mieux pour aider la RDC et a réitéré la solidarité de la SADC avec le peuple congolais. «Le Sommet a également réitéré son engagement à soutenir les interventions visant à instaurer une paix et une sécurité durables dans l'est de la RDC, conformément au Pacte de défense mutuelle de la SADC de 2003», indique un communiqué de la SADC cité par les médias locaux.

La Troïka de la SADC est une structure de gouvernance au sein de la SADC qui se concentre sur les questions politiques, de défense et de sécurité. Elle a été créée pour renforcer la coopération et la stabilité régionales, notamment en réponse aux crises qui touchent la région. Les États membres de la SADC sont : l'Angola, le Botswana, l'Union des Comores, la République démocratique du Congo, le Eswatini, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, Maurice, le Mozambique, la Namibie, les Seychelles, l'Afrique du Sud, la République unie de la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.

Plusieurs pays de la SADC ont déployé des troupes dans l’est de la RDC dans le cadre de la Mission de la Communauté d'Afrique australe (SAMIDRC). Cette mission vise à soutenir le gouvernement congolais dans sa lutte contre les groupes rebelles et à stabiliser la région. Face à l'escalade du conflit, la SADC a décidé, en novembre 2024, de prolonger d'un an le déploiement de ses troupes en RDC.

Relancer les processus diplomatiques

Participant aux travaux du sommet virtuel depuis Kinshasa, le chef de l'État de la RDC Félix Tshisekedi a préconisé la relance des processus diplomatiques en vue de trouver une solution durable à la crise sécuritaire dans l’Est du pays, et la mise en œuvre de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cité par ses services, Tshisekedi s’est dit engagé à rechercher la paix durable et a réitéré sa confiance en la facilitation de son homologue angolais Joao Manuel Lourenço dans le cadre du processus de Luanda.

Malgré les appels de la communauté internationale et des organisations régionales, les efforts diplomatiques, tels que le processus de Luanda parrainé par l’Angola ou les récentes tentatives de médiation du Kenya, peinent à produire des résultats concrets face à l'absence de coopération du Rwanda.

Lors du Sommet conjoint EAC-SADC organisé à Dar es Salaam (Tanzanie) pour discuter de la situation sécuritaire en RDC, les chefs d’État et de gouvernement des deux blocs sous-régionaux ont pris d'importantes décisions, «avec effet immédiat». Ces mesures visent à répondre à l'urgence humanitaire, à favoriser la désescalade du conflit et à soutenir les attentes de Kinshasa pour venir en aide aux populations de Goma et du Nord-Kivu.

Des résolutions non appliquées

Toutefois, plusieurs résolutions de ce sommet restent encore non appliquées. Pendant ce temps, la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, poursuit son avancée dans les provinces du Sud et du Nord-Kivu, aggravant la crise sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC. Le groupe rebelle mène depuis le début de l’année une offensive d’envergure qui lui a permis d’étendre significativement son territoire.

Tandis que Kinshasa accuse Kigali d’avoir déployé 10 000 soldats dans l’est de la RDC, et que des pays voisins accusent le Rwanda de déstabiliser toute la région, Kigali nie cela et accuse à son tour Kinshasa de soutenir les militants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Le président rwandais Paul Kagame affirmait à CNN le 3 février «ne pas savoir» si des troupes de son pays étaient présentes en RDC.

La République démocratique du Congo est confrontée depuis plusieurs années à une guerre meurtrière provoquée par la rébellion du M23, particulièrement actif dans l’est du pays. Le groupe armé a été créé en 2012 par des officiers entrés en rébellion contre le gouvernement.