La presse américaine a rapporté dans la journée du 4 mars que la République démocratique du Congo (RDC) avait proposé aux États-Unis de bénéficier d’un accès exclusif aux ressources minérales stratégiques et aux projets d’infrastructures en échange de l’assistance sécuritaire américaine.
C’est ce qui ressort d’une lettre adressée par le gouvernement congolais au secrétaire d’État américain Marco Rubio, dont le propos a été rapporté par Bloomberg. Dans la lettre, la RDC a demandé l’organisation d’une réunion urgente entre le président américain, Donald Trump, et son homologue congolais, Félix Tshisekedi, afin de négocier un accord qui offrirait aux entreprises étasuniennes l'accès à des minéraux stratégiques essentiels pour l’actuelle transition énergétique.
La même source a rapporté qu’un groupe d’entreprises afro-américaines faisant pression au nom du Congo avait décrit la RDC comme le «premier fournisseur mondial de cobalt et producteur majeur de lithium, de tantale et d’uranium». Il précisait que «les ressources de la RDC sont essentielles à la compétitivité industrielle et à la sécurité nationale des États-Unis», ajoutant que ce partenariat permettrait aux Américains de mettre en place «une chaîne d’approvisionnement fiable et exclusive» dans le pays.
Des négociations difficiles
La menace du M23, groupe rebelle soutenu par le Rwanda qui occupe désormais un large territoire à l’est du pays, met en péril la survie du gouvernement de Félix Tshisekedi. Si l’administration américaine se dit «ouverte à la discussion de partenariats dans ce secteur», selon le département d’État, la signature d’un tel accord semble lointaine selon Bloomberg.
L’administration de Joe Biden avait eu des difficultés à intéresser les entreprises américaines aux ressources minérales congolaises, à cause notamment de problèmes de corruption et de main d’œuvre, sans parler de l’impact des extractions des minéraux sur l’environnement.
Le nouvel accord prévoirait de proposer aux Américains des droits exclusifs d’extraction et d’exportation de minéraux stratégiques, la création d’un stock stratégique conjoint de minéraux, ainsi que la participation à la construction d’un port en eau profonde sur la côte atlantique du pays, en échange de formations, d’équipements militaires et d’assistance sécuritaire fournis par les États-Unis à l’armée congolaise. Or, celle-ci est accusée de violations des droits humains par plusieurs ONG.
Joshua Walker, directeur de programme du Congo Research Group au Center on International Cooperation de l’université de New York, dont les propos ont été rapportés par Bloomberg, a expliqué que «pour la RDC, cela impliquerait probablement des renégociations longues et délicates des contrats miniers, alors qu’il est difficile d’imaginer que l’administration Trump soit en mesure de mobiliser les investisseurs américains». Il souligne aussi qu’«il n’est toujours pas certain que la nouvelle administration engagera des ressources importantes pour mettre fin à l’agression rwandaise en RDC».