Dans un contexte d’escalade de la crise diplomatique entre Alger et Paris, le ministère algérien des Affaires étrangères a réagi dans la journée du 27 février au délai fixé la veille par le Premier ministre français pour réviser l’accord de 1968 sur l’immigration entre les deux pays. Rejetant ce qu’elle qualifie d’«ultimatums et de menaces», le gouvernement algérien a imputé la dégradation de la situation actuelle des relations bilatérales à la partie française.
Le Premier ministre français, François Bayrou, avait annoncé à l’issue d’un conseil interministériel consacré à l’immigration, tenu dans la journée du mercredi 26 février, que son gouvernement avait fixé de «quatre à six semaines» aux autorités algériennes pour montrer qu'elles respectent l'accord signé entre les deux pays de 1968, faute de quoi l’accord devra être «dénoncé».
La diplomatie algérienne a fait savoir par voie de communiqué que «l’Algérie rejette catégoriquement les ultimatums et les menaces», avant de mettre en garde la partie française en affirmant que «de la même manière, elle appliquera une réciprocité stricte et immédiate à toutes les restrictions apportées aux mobilités entre l’Algérie et la France».
Laisser la partie française «assumer seule» la responsabilité d’une rupture
Les appels fait par des politiciens et des membres du gouvernement français à remettre en question des accords facilitant les conditions de séjour, de circulation et d’emploi des Algériens en France, est un exemple éloquent de l’état de dégradation des relations entre les deux pays, surtout après l’attentat de Mulhouse perpétré par un ressortissant algérien sous obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Face à la situation, le communiqué de la diplomatie algérienne a fait savoir que «dans la montée en cadence de l’escalade et des tensions que la partie française a imprimées à la relation entre l’Algérie et la France, l’Algérie n’a pris l’initiative d’aucune rupture et a laissé la partie française en assumer seule la responsabilité pleine et entière».
Les Affaires étrangères algériennes ont d’ailleurs fait porter la responsabilité à la partie française concernant «les manquements constatés aux obligations nationales et internationale» et pointent du doigt «le recours abusif et arbitraire aux décisions administratives d’éloignement des ressortissants algériens, les privant de l’usage des voies de droit que leur garantit la législation française elle-même».
Remettre en cause d’autres accords et protocoles
Citant spécifiquement l’accord franco-algérien de 1968, «qui a été au demeurant vidé de toute sa substance», affirme la diplomatie algérienne, toute remise en cause de ce document «sera suivie de la part de l’Algérie d’une même remise en cause des autres accords et protocoles de même nature, sans préjudice d’autres mesures que ses intérêts nationaux lui dicteraient d’adopter», prévient le ministère algérien.
La diplomatie algérienne a accusé l’extrême droite française «revancharde et haineuse» d’avoir réussi son pari en prenant en otage la relation entre les deux pays «au service de basses œuvres politiciennes indignes d’elle», conclut le communiqué.