Afrique

L’aide financière étrangère est un moyen de déstabilisation et de subversion, dénonce Bamako

Le Mali a vivement dénoncé, lundi, l'utilisation de l'aide financière étrangère, la qualifiant d'instrument de déstabilisation et de subversion, et mis en garde contre le danger des fonds détournés au profit du financement des réseaux terroristes.

Dans un communiqué, la diplomatie malienne a exprimé ses inquiétudes concernant les risques liés aux fonds détournés, soulignant que ces sommes sont utilisées pour financer des réseaux terroristes, ce qui représente une grave menace pour la stabilité et la souveraineté des États.

Pour le Mali, de telles pratiques compromettent non seulement la sécurité nationale, mais aussi l'intégrité des États concernés, en permettant à de tels acteurs de déstabiliser l'ordre social et politique.

Cette déclaration fait suite à l'annulation d'une aide de 14 millions de dollars, censée soutenir la cohésion sociale au Mali.  L'information, divulguée par le Département américain de l'efficacité gouvernementale (DOGE), a été reçue avec étonnement par les autorités maliennes, comme le précise le communiqué.

Au-delà de l'annulation de cette aide, Bamako condamne une pratique plus générale qu'elle considère comme «une tentative d'instrumentalisation de l'aide publique pour affaiblir la souveraineté des États africains.»

Dans un communiqué publié sur X, les autorités maliennes ont rappelé que «bien avant l'arrivée de la nouvelle administration américaine, le Mali avait déjà tiré la sonnette d'alarme sur ces dérives», qu'elles estiment être utilisées pour «financer des réseaux terroristes opérant au Sahel.»

Le Mali appelle à engager des poursuites judiciaires contre les responsables des détournements

Rappelons que le gouvernement malien avait déjà pris ses distances avec l'USAID. Depuis deux ans, Bamako a refusé de signer l'Accord quinquennal de Subvention d'objectif de développement avec les États-Unis.

Plusieurs projets financés par cette agence, y compris ceux liés à la cohésion sociale, ont été suspendus par le gouvernement malien, qui insiste sur le fait que «toute coopération doit respecter la souveraineté du pays.»

Le ministère des Affaires étrangères malien ne s’est pas contenté de dénoncer ces pratiques, mais il a appelé Washington à engager des poursuites judiciaires contre les responsables de ces détournements de fonds.

Selon les autorités maliennes, «des sommes destinées au développement du pays auraient été détournées à des fins subversives et contraires aux besoins essentiels des populations».

Le communiqué précise également que «le Mali soutient la nouvelle orientation des autorités américaines visant à assainir et humaniser leurs subventions», tout appelant Washington à «engager des poursuites judiciaires contre les personnes qui ont détourné lesdits fonds pour financer le terrorisme international, dont le Mali et les autres États de la Confédération AES sont victimes.»

Le Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a, enfin, fait savoir que «les Autorités de la Transition du Mali, restées fidèles aux principes fondamentaux guidant l'action publique, continueront leurs efforts pour assurer la sécurité, rétablir la paix, promouvoir la cohésion sociale et favoriser un développement durable, dans une dynamique d'appropriation nationale, de partenariat et de respect mutuel».

Le Mali, dirigé par une transition militaire depuis 2020, a récemment voté contre une résolution de l'ONU sur l'Ukraine, le même jour que l'annonce du DOGE, aux côtés de la Russie et des États-Unis. Cet incident a marqué un nouveau tournant dans les tensions diplomatiques entre Bamako et ses partenaires occidentaux, renforçant ainsi les divergences sur plusieurs questions internationales.