«Je vais dire quelque chose de grave. Il y a plus de 9 000 journalistes à travers le monde qui travaillent à déformer l’image de l’Algérie», a lâché le ministre algérien de la Communication, Mohamed Meziane, lors d’une conférence donnée le 11 février à l’université d’Alger 3. Ces journalistes aux aguets, «suivent l’actualité mondiale et dès que l’image de l’Algérie apparaît, ils réagissent», a-t-il notamment déclaré.
Le ministre a ajouté que l’État algérien allait intervenir pour soutenir les médias nationaux, afin de contrecarrer ce phénomène qui constitue, selon lui, une menace sérieuse pour l’image du pays à l’échelle internationale. Face à cette situation, les institutions médiatiques algériennes et à leur tête les chaînes de télévision et l’agence de presse d’État, devraient ainsi disposer de plus de correspondants et d’envoyés spéciaux à l’étranger, a-t-il suggéré.
Mohamed Meziane a particulièrement mis l’accent sur «le traitement hostile de l’information» par l’agence de presse d’État française AFP. «Quand un Américain veut se renseigner sur l’Algérie, il va à l’AFP. Et vous connaissez les valeurs de l’AFP ?», a-t-il interrogé, avant de répliquer : «Ce sont des valeurs destructrices.» Selon le ministre, «l’Algérie n’a aucun problème avec l’État français ni avec le peuple français, mais elle rejette catégoriquement les pratiques néocoloniales».
Campagnes de «mystification»
Les propos du ministre interviennent alors que les médias d’État algériens dénoncent régulièrement des campagnes de «désinformation» et de «mystification» menées depuis des mois par les médias français à l’encontre de l’Algérie, dans le contexte d’une crise diplomatique majeure entre Paris et Alger, déclenchée fin juillet 2024 par la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Les dirigeants des deux pays multiplient depuis les joutes verbales et les accusations réciproques dans un contexte de plus en plus tendu, qualifié dernièrement par Abdelmadjid Tebboune de «délétère». «Plus rien n’avance. […] Nous perdons du temps avec le président Macron», a même affirmé le président algérien début février, estimant que le dialogue politique était «quasiment interrompu» entre les deux nations.
Cette crise, caractérisée par des poussées de fièvre récurrentes, a été marquée récemment par l’affaire Boualem Sansal et l’expulsion ratée d’un influenceur algérien par la France, mais aussi par la volonté affichée par Paris de remettre en cause un accord sur l’immigration algérienne datant de 1968, et la réactivation par Alger du dossier contentieux des essais nucléaires de la France coloniale dans le désert algérien.