L’organisation internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a alerté le 23 décembre sur l'«augmentation alarmante et rapide» de la propagation du choléra au Soudan du Sud, en particulier dans les camps «débordés» de personnes déplacées à l'intérieur du pays, appelant les organisations humanitaires nationales et internationales à intensifier immédiatement leur réponse à l'épidémie
92 personnes sont mortes de la maladie dans l'État d'Unité dans le nord du pays, selon MSF, qui a précisé avoir traité plus de 1 210 personnes en seulement quatre semaines dans la ville de Bentiu, chef-lieu de cet État frontalier avec le Soudan voisin ravagé par la guerre civile. 4 007 cas ont par ailleurs été signalés dans le seul comté de Rubkona au 20 décembre, toujours selon MSF.
L'épidémie de choléra s'intensifie également dans des camps abritant des dizaines de milliers de réfugiés près de la capitale Djouba dans le sud du pays, où MSF a signalé au moins 25 décès et déclaré avoir traité quelque 1 700 cas suspects. Auparavant, 737 cas de choléra ont été signalés à Malakal, capitale de l'État du Nil Supérieur, selon l’organisation médicale internationale.
Déclarée pour la première fois le 28 octobre dans l'État du Nil Supérieur, l'épidémie s'est depuis propagée aux États d'Unité, du Bahr el Ghazal du Nord, de Jonglei, des Lacs, d'Équatoria oriental et central. Au total, environ 6617 cas ont été signalés à travers le pays, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
«Conditions parfaites» pour la propagation de la maladie
Selon MSF, l'ampleur de l'épidémie est trop importante pour que l'organisation puisse la maîtriser par ses propres moyens; elle a lancé un appel urgent aux donateurs les priant d'augmenter le financement de la réponse au choléra et demandant par ailleurs aux organisations humanitaires nationales et internationales d'intensifier sans délai leurs interventions.
«Sans action immédiate pour remédier aux conditions désastreuses dans lesquelles vivent les gens, nous nous attendons à ce que les cas de choléra montent en flèche dans les jours et les semaines à venir», a averti Mamman Mustapha, chef de la mission MSF au Soudan du Sud, mettant l’accent sur les conditions désastreuses en matière d'eau et d'assainissement et les lacunes dans d'autres services essentiels, qui ont créé selon lui les «conditions parfaites» pour la propagation de la maladie.
Le Soudan du Sud, déjà fragile en raison de sa propre violence interne (guerre civile de 2013 à 2020), de sa pauvreté et de ses catastrophes naturelles, est confronté également à un afflux de plusieurs centaines de milliers de réfugiés du Soudan voisin ravagé par la guerre civile, auquel s'ajoute maintenant le choléra.