Afrique

Zambie : deux suspects arrêtés pour un complot de sorcellerie visant le président Hichilema

Deux «sorciers» ont été arrêtés après avoir tenté d'ensorceler le président zambien Hakainde Hichilema à l'aide d'un caméléon et de divers sortilèges. Les deux hommes en question ont été embauchés, selon la police, par le frère cadet d'un député de l'opposition.

« Les suspects ont été trouvés en possession de talismans divers, dont un caméléon vivant, et sont soupçonnés de pratiquer la sorcellerie pour nuire au chef de l'État, Son Excellence le président Hakainde Hichilema», a fait savoir le 20 décembre le porte-parole de la police zambienne, Rae Hamoonga.

La police zambienne a interpellé deux individus accusés d’avoir comploté pour nuire au président Hakainde Hichilema en utilisant des pratiques de sorcellerie. Les suspects, Jasten Mabulesse Candunde, 42 ans, et Leonard Phiri, 43 ans, auraient été engagés par Nelson Banda, frère cadet de Jay Banda, un législateur actuellement en fuite.

Selon un communiqué officiel du porte-parole de la police, Rae Hamoonga cité par l’AP, Nelson Banda aurait promis un paiement total de 7 400 dollars aux deux hommes pour réaliser leur sombre mission. Les suspects sont notamment accusés de pratique de sorcellerie, de possession de charmes occultes et de cruauté envers les animaux.

Jay Banda, le présumé commanditaire, s’est évadé en août 2024 de la garde à vue qu'il effectuait pour des accusations de vol aggravé. Depuis, son lieu de résidence reste inconnu.

Cette affaire soulève des questions sur l’impact persistant des croyances liées à la sorcellerie dans certains pays à travers l’Afrique, mais également sur les moyens insolites parfois employés pour s’en prendre aux figures politiques.

Magie noire en Afrique

Le phénomène de la sorcellerie en Afrique relève d’une rationalité existentielle profondément ancrée dans la psychologie collective des sociétés. Il agit comme un mécanisme de défense face à des réalités souvent marquées par la pauvreté, l’incertitude et le manque d’éducation. Selon une étude sociologique de Blaise Bakulu Madila intitulée «Le phénomène de la sorcellerie en milieu africain» et parue en 2017, la sorcellerie devient ainsi un moyen d’expliquer l’inexplicable, de donner un sens aux malheurs et aux inégalités qui semblent insurmontables. 

Dans un contexte de précarité, où les ressources matérielles et les opportunités sont limitées, la sorcellerie apparaît comme un exutoire psychologique. Ce recours au mysticisme, bien qu’il soulage temporairement l’angoisse existentielle, devient un frein à la réflexion critique. Il empêche de questionner les causes structurelles de la pauvreté, de l’injustice sociale ou des échecs économiques, et alimente une vision fataliste du monde. 

Pour Madila, la sorcellerie ne se limite pas à ses impacts économiques et sociaux. Elle influence profondément les mentalités, créant un cercle vicieux : la peur renforce l’ignorance, qui à son tour nourrit la pauvreté et l’attachement à des croyances mystiques. Sortir de cette dynamique nécessite de promouvoir l’éducation et la pensée rationnelle pour permettre aux communautés d’affronter leurs défis sans recourir au surnaturel.