Afrique

Souveraineté : Le Niger suspend les activités de l’ONG française Acted

Le Niger a suspendu les activités de l'ONG française Acted et de l’organisation locale APBE. Dans un contexte de tensions avec la France, cette décision s’inscrit dans la politique de souveraineté nationale prônée par le gouvernement, déterminé à assurer que les actions humanitaires respectent les intérêts nigériens.

Le ministère nigérien de l'Intérieur a annoncé le 12 novembre 2024 la suspension des ONG Acted, basée en France, et de l’Action pour le Bien-être (APBE), une organisation nigérienne. Les autorités n’ont pas précisé les raisons exactes de cette mesure, mais cette suspension témoigne de la volonté affirmée par les autorités locales de renforcer le contrôle des opérations des acteurs étrangers sur son territoire.

Acted, présente au Niger depuis 2010, est connue pour ses actions en faveur des populations déplacées, en particulier dans les régions de Diffa, Tahoua et Tillabéri, où elle fournissait de l'eau, des services sanitaires et un soutien agricole. L’ONG APBE, quant à elle, est un acteur local engagé dans des projets humanitaires en partenariat avec Acted. En prenant cette décision, le Niger semble adresser un message clair : les ONG opérant dans le pays doivent désormais s'aligner sur les priorités nationales et faire preuve de transparence.

La suspension d'Acted, qui avait temporairement cessé ses activités après l’assassinat de six de ses employés en 2020, souligne les risques et la complexité de l'action humanitaire dans les zones sensibles. Cependant des observateurs locaux voient dans cette décision une affirmation légitime du Niger pour garantir que l’aide humanitaire ne serve qu’aux objectifs de sécurité et de développement du pays. Le Niger, confronté à des défis sécuritaires avec les violences jihadistes dans ses régions frontalières, s’efforce de prioriser les interventions qui s’alignent avec ses intérêts.

Les relations franco-nigériennes de plus en plus compliquées

Depuis juillet 2023, les autorités nigériennes ont montré leur volonté de réduire les influences extérieures perçues comme contraires aux intérêts du pays. En expulsant l’ambassadeur de France, en suspendant des médias étrangers et en fermant le centre culturel franco-nigérien, le gouvernement vise à restaurer l'autonomie nationale. Ibrahim Bana, secrétaire à la communication du Front patriotique pour la souveraineté du Niger, a salué ces décisions comme des étapes vers un Niger «maître de son destin».

En parallèle, le Niger développe des relations avec des partenaires comme la Russie, la Turquie et l’Iran. Le pays s’est également associé au Burkina Faso et au Mali dans l’Alliance des États du Sahel (AES) pour mieux coordonner leurs efforts contre les groupes terroristes actifs dans la région.