Afrique

Or : B2Gold verse 30 millions de dollars pour apaiser un contentieux avec l’État malien

La compagnie minière B2Gold a accepté de verser à l'État malien 18,3 milliards de FCFA (30 millions de dollars) pour régler les redevances minières impayées. Cet accord fait suite à un audit des mines ayant révélé un manque à gagner considérable pour le pays. Cette résolution marque une étape dans la politique de recouvrement fiscal du Mali.

Dans le cadre de sa politique de renforcement des revenus issus de l'industrie minière, l'État malien a conclu un accord avec la compagnie canadienne B2Gold, exploitante de la mine d'or Fekola. Cet accord, signé en septembre 2024, prévoit le versement de 18,3 milliards de FCFA (30 millions de dollars) en faveur du Mali. Ce paiement intervient suite à un audit fiscal qui avait révélé en 2023 un manque à gagner estimé entre 300 et 600 milliards de FCFA pour le trésor public (492 à 984 millions de dollars américains), poussant le gouvernement à engager des négociations avec les compagnies minières actives sur le territoire.

Selon les informations publiées par l'agence Ecofin, la somme versée par B2Gold correspond à des régularisations fiscales ponctuelles visant à régler les arriérés de la compagnie. Les résultats financiers du troisième trimestre 2024 de B2Gold confirment que cet accord permet à l'entreprise de poursuivre l'exploitation de la mine de Fekola, la deuxième plus grande mine d'or du Mali, avec une production attendue de 420 000 onces pour l'année en cours. En plus de sécuriser ses opérations actuelles, B2Gold pourra également lancer dès 2025 l'exploitation d'un nouveau gisement situé à environ 20 kilomètres de Fekola. Ce nouveau site, baptisé « Fekola Regional », devrait ajouter entre 80 000 et 100 000 onces d'or à la production annuelle du complexe, consolidant ainsi la position de B2Gold parmi les principaux acteurs miniers du pays.

Réforme du secteur minier malien

Cet accord revêt une importance particulière dans le contexte de la réforme du secteur minier malien. Le nouveau code minier, adopté en 2023, impose des conditions fiscales plus strictes aux entreprises étrangères et augmente la part des bénéfices allouée à l'État et aux nationaux. Sous cette nouvelle législation, le Mali détient désormais une participation de 35 % dans les projets miniers, contre seulement 20 % dans l'ancien code, qui reste cependant applicable aux mines en activité comme celle de Fekola. La compagnie B2Gold ainsi que d'autres acteurs, comme Allied Gold (exploitant de la mine de Sadiola) et les compagnies en charge des futures mines de lithium de Bougouni et Goulamina, ont déjà amorcé leur transition vers cette nouvelle réglementation.

Les prévisions optimistes concernant les recettes minières maliennes sont largement attribuées aux changements apportés par le code minier de 2023. Les analystes estiment que ce cadre révisé pourrait générer jusqu'à 500 milliards de FCFA par an pour le pays (environ 820 millions de dollars), soutenant ainsi l'objectif de diversification des revenus de l'État et de lutte contre la dépendance aux fluctuations des cours de l'or. En outre, la pression exercée par les autorités maliennes pour récupérer les montants dus démontre une volonté de garantir une redistribution plus équitable des richesses minières, profitant à la fois à l'État et aux communautés locales.