Déclaré persona non grata au Niger, le groupe français Orano, spécialiste du combustible nucléaire, a déclaré que la filiale nigérienne serait «contrainte de suspendre» sa production à partir du 31 octobre, faute de pouvoir continuer à travailler et à exporter son concentré d'uranium.
Citée par des médias français, une porte-parole du groupe a précisé que cette décision avait été prise le 23 octobre lors d'un conseil d'administration extraordinaire. Selon elle, «l’aggravation des difficultés financières de la Somaïr», située dans la région d’Arlit, oblige l’entreprise à cesser ses activités.
Le 26 juillet dernier, le groupe annonçait qu’il avait terminé le premier semestre 2024 avec une perte de 133 millions d’euros, alors qu'il avait enregistré un bénéfice net de 117 millions d'euros durant la même période l’année dernière.
«Les frontières avec le Bénin sont toujours fermées, rendant l’exportation impossible», a expliqué la porte-parole ajoutant que d’autres propositions, comme l’exportation par voie aérienne via la Namibie, n’avaient pas non plus abouti.
L'entreprise, détenue à 90% par l’État français, exploitait de l'uranium dans le nord du Niger depuis 1971.
Persona non grata
Le 11 juin dernier, le ministère des Mines de Niamey avait annoncé que le permis d'exploitation du site d'Imouraren serait retiré à Orano et rendu au domaine public.
Après cette annonce, il ne restait plus à Orano que le seul gisement d’Arlit, la Somaïr, après la fermeture de la Cominak en mars 2021 à la suite de l’épuisement des ressources. Orano détient 63,4% de la Somaïr, tandis que la société d’État nigérienne, la Sopamin, possède le reste.
Mais les militaires au pouvoir à Niamey ont plusieurs fois répété qu’ils souhaitaient réviser en profondeur le système d’exploitation des matières premières sur leur sol par des compagnies étrangères.
Le gouvernement militaire, arrivé au pouvoir avec le coup d'État du 26 juillet 2023, a accusé les gouvernements précédents de «soumission aveugle» à la France, annonçant notamment la rupture d’accords de coopération avec la France et l'UE ainsi que le retrait du contingent militaire américain.
Selon les données de l'Agence d'approvisionnement d'Euratom (ESA), le Niger était en 2021 le septième producteur mondial d'uranium, fournissant 4,7% de la production mondiale. Environ un quart de l'approvisionnement en uranium naturel des centrales nucléaires européennes en 2022 provenait du Niger, ce qui en fait le deuxième fournisseur du continent après le Kazakhstan.