Afrique

Le Niger rebaptise des rues de Niamey portant des noms français

Le Niger continue d'effacer l’héritage colonial de la France en renommant plusieurs rues, places et monuments de la capitale Niamey qui portaient des noms français.

Les autorités du Niger ont rebaptisé plusieurs boulevards, avenues, rues et places portant des noms français dans la ville de Niamey, capitale du pays, lors d’une cérémonie solennelle présidée le 15 octobre par le ministre nigérien de la Jeunesse, de la Culture, des Arts et des Sports, Abdourahamane Amadou.

«Le constat était que la plupart des avenues, boulevards, lieux de mémoire, rues, sites et places de nos villes en général, et de la capitale en particulier, portaient des noms qui ne représentent pas de repères dans l'imaginaire collectif de nos concitoyens», a expliqué le ministre dans une déclaration citée par l’agence de presse nigérienne ANP.

Ainsi, l’avenue Charles de Gaulle est désormais renommée avenue Djibo Bakary, en l’honneur de cette figure du mouvement indépendantiste du Niger, alors que le monument aux victimes des deux guerres mondiales, anciennement appelé rond-point Kennedy, a été rebaptisé Boubandey Batama (place des Martyrs, en langue locale).

La place de la Francophonie, quant à elle, est renommée place de l’Alliance des États du sahel (AES), à laquelle le Niger a adhéré en 2023 aux côtés du Mali et du Burkina Faso, tandis que le centre culturel franco-nigérien, qui a cessé ses activités, a été rebaptisé Centre culturel Mustapha Alassane en l'honneur à cette figure célèbre du cinéma nigérien et africain.

La place de Monteil, en face du commissariat central de Niamey, est devenu place Capitaine Thomas Sankara, ancien président emblématique du Burkina Faso voisin. Le portrait du colonel et explorateur français Parfait-Louis Monteil, gravé sur le monument en pierre, a été enlevé et remplacé par une plaque représentant Thomas Sankara.

«Désormais, nous honorons nos ancêtres»

Cette cérémonie en grande pompe intervient alors que le gouvernement militaire, arrivé au pouvoir avec le coup d'État du 26 juillet 2023, a accusé les gouvernements précédents de «soumission aveugle» à la France, annonçant la rupture avec Paris et l'UE, outre le retrait du contingent militaire américain.

Le 6 juillet, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont acté la création de l'Alliance des États du Sahel (AES), pour contrer l’influence de la Cédéao, une organisation que ces trois pays jugent instrumentalisée par la France, ex-puissance coloniale.

«Les héros locaux et nationaux, voire panafricains semblent être oubliés», a regretté le ministre Amadou louant le travail mené par une commission d'éminents professeurs d'histoire nigériens pour donner sens aux nouveaux noms des sites rebaptisés.

«Désormais, nous honorons nos ancêtres», s’est félicité de son côté le gouverneur de la région de Niamey, le général Abdou Assoumane Harouna, rappelant que la traite négrière et la colonisation représentaient deux périodes douloureuses de l’histoire du continent africain.

Au Niger, le 3 août 1960 marque la proclamation de l’indépendance du pays, alors que le 18 décembre 1958 est la date de proclamation de la République du Niger. Le début de la présence française au Niger remonte à 1899, lorsque les forces françaises ont vaincu le sultanat de Damagaram, dynastie locale fondée en 1731 et vivant du commerce d'esclaves.