Afrique

Laisser-passer consulaires : Sarkozy tacle l'Algérie et encense le Maroc

Alors que le débat sur la non-exécution chronique des OQTF a ressurgi en France après le meurtre de Philippine, l’ancien président Nicolas Sarkozy a salué l’attitude de Rabat dans la délivrance des laissez-passer consulaires et a suggéré de faire pression sur l’Algérie pour en obtenir davantage.


«Le Maroc se comporte plutôt bien grâce à la personnalité exceptionnelle du roi du Maroc», a déclaré l'ancien président français Nicolas Sarkozy (2007-2012), invité le 30 septembre sur le plateau d'une matinale. «Sur l’Algérie, on donne des centaines de milliers de visas chaque année, on doit pouvoir obtenir des centaines d’autorisations de retour consulaire», a-t-il poursuivi.

Des propos tenus dans le contexte de la vive polémique suscitée en France par la mort de Philippine, une étudiante de 19 ans, retrouvée à moitié enterrée dans le bois de Boulogne dans l'ouest de Paris après avoir été tuée par un jeune marocain sans-papiers et sous le coup d'une OQTF (obligation de quitter le territoire français).

Polémique qui a elle-même ravivé le débat sur l’immigration et la question des OQTF. «Jamais cette petite n'aurait dû croiser cet individu», a déclaré Nicolas Sarkozy, évoquant «une triple erreur administrative, politique et judiciaire».

L’ancien président de la France s’est ensuite tourné vers la gauche française et sa «double hypocrisie». Celle de la gauche radicale et de ses «cris d'orfraie contre un prétendu fascisme» à l'évocation de cette affaire, et celle de la gauche dans son ensemble «qui a transformé le débat sur l'immigration en un débat de posture et jamais de solution». 

Appelant à un sommet Europe-Afrique, Nicolas Sarkozy a estimé que la «seule solution» pour répondre au défi migratoire est le développement de l’Afrique. «Le pire de la crise est à venir», a-t-il averti, avant de poursuivre : «L’Afrique est à 14km par le détroit de Gibraltar et vous rentrez à pied par la frontière gréco-turque en Europe. L’Afrique a 1,2 milliard d’habitants aujourd’hui, dans 30 ans l’Afrique aura 2,5 milliards d’habitants».

Non-exécution des OQTF : un  problème endémique

La question des laissez-passer consulaires, sésame pour l’exécution des OQTF, a plongé la France dans un véritable duel diplomatique avec l’Algérie, le Maroc et la Tunisie à l’automne 2021.

Dans la foulée de la crise du Covid-19, le ministère français de l’Intérieur avait effectué des pressions sur les pays du Maghreb, en restreignant la délivrance de visas, afin d'inciter ces pays à faire des efforts en matière de coopération et de lutte contre l'immigration illégale. Pressions qu’avait officiellement relâchées la Place Beauvau un an plus tard.

Entre janvier et juillet 2021, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur communiqués à une agence de presse française, l'Algérie avait délivré 31 laissez-passer consulaires pour 7 731 OQTF prononcées, et 22 expulsions réalisées, soit un taux d'exécution de 0,2%. Ce taux s’établissait à 2,4% pour les OQTF concernant les ressortissants marocains et à 4% pour les Tunisiens. Lors de ce premier semestre, le taux global d'exécution des OQTF était à son plus bas : 5,6%, contre 6,9% en 2020, 12% en 2019 et 12,4% en 2018.