Le gouvernement algérien a décidé de rétablir «avec effet immédiat» un régime de visas d’entrée pour «tous les étrangers détenteurs d’un passeport marocain», a annoncé le 26 septembre le ministère algérien des Affaires étrangères, cité par l’agence de presse d’État APS.
Alger accuse Rabat de profiter du régime d’exemption des visas pour déployer des «agents de renseignements sionistes, détenteurs de passeports marocains, pour accéder librement au territoire national» afin d’y mener «diverses actions attentatoires à la stabilité de l’Algérie et à sa sécurité nationale».
Cette décision intervient après l’annonce le 1er septembre par le parquet de Tlemcen, dans l’ouest du pays, de l’arrestation de plusieurs personnes, dont quatre Marocains, accusées de faire partie d’«un réseau d’espionnage» ayant pour but de «porter atteinte à des institutions sécuritaires et administratives algériennes».
«Ces actes constituent une menace directe pour la sûreté nationale», insiste la diplomatie algérienne dans son communiqué, tenant le Royaume du Maroc «pour seul responsable de l’actuel processus de dégradation des relations bilatérales par ses agissements hostiles à l’Algérie», et ce, malgré les «liens humains et familiaux qui unissent les deux peuples frères».
Les autorités marocaines n'ont pour l’heure pas réagi à la décision algérienne.
Normalisation et Sahara occidental
Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021. En plus du dossier litigieux du Sahara occidental – territoire contesté sur lequel le Maroc réclame la souveraineté et pour lequel l’Algérie demande un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU – s’est greffé un autre motif de désaccord : la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. Depuis, les relations entre les deux pays voisins n’ont cessé de se dégrader.
En juillet 2023, Rabat avait obtenu la reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara occidental, en contrepartie d'un processus de normalisation déjà déclenché en 2020, lequel constituait lui-même une contrepartie au soutien par le président américain Trump la même année des aspirations marocaines sur ce territoire disputé.
Dressant des parallèles entre l’occupation israélienne de la Palestine et le sort des Sahraouis, les militants du Front Polisario avaient alors condamné cette décision tout en déclarant espérer que cela marquerait le début d’une solidarité accrue avec leur cause.
Le Maroc a normalisé ses relations avec Israël en 2020, après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan, portant à six le nombre total de pays arabes ayant des relations avec Israël, l'Égypte et la Jordanie ayant déjà conclu des traités de paix complets avec Israël, respectivement en 1979 et 1994.
Presque toutes les semaines depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, les villes marocaines ont été le théâtre de rassemblements et de manifestations de solidarité avec le peuple palestinien et de protestation contre les frappes meurtrières de Tsahal.