La crise de l'eau en Tunisie est un phénomène récent, résultant d'une combinaison de facteurs. D'une part, le changement climatique engendre des températures extrêmes et un manque de précipitations. D'autre part, la gestion inefficace des ressources en eau augmente la fréquence et l'intensité des sécheresses.
L'hydrologue et ancien ministre de l'Agriculture (février 2015 - août 2016) Saad Siddik a alerté le 22 septembre sur la situation hydrologique en Tunisie. Il a souligné une grave pénurie de ressources en eau potable et en eau destinée à l'irrigation, avec un déficit d'environ 90 millions de mètres cubes dans les barrages par rapport à l'année précédente.
Dans une intervention sur les ondes de Diwan FM, Siddik a souligné que la quantité d'eau dans les barrages tunisiens est d'environ 520 millions de mètres cubes, soit seulement 23 % de leur capacité. Il a également insisté sur l'importance du dessalement de l'eau de mer dans les usines de Djerba, Zarat à Gabès et Sfax, affirmant que «sans les usines de Sfax et de Gabès, la situation serait bien plus difficile.»
Doubler les usines de dessalement, la solution
L'hydrologue a affirmé que la transition vers les eaux dites non conventionnelles (les eaux non directement prélevées dans le milieu naturel, ndlr.), est cruciale, soulignant qu'il est essentiel de doubler les capacités des usines de dessalement de l'eau de mer pour assurer une véritable sécurité en matière d'eau potable.
L'ancien ministre de l'Agriculture a également insisté sur l'importance de réutiliser pour l'irrigation les eaux usées, à condition qu'elles aient été suffisamment traitées. Selon lui, un plan ambitieux est en place d'ici à 2050 pour valoriser cette eau traitée, notamment par la réhabilitation des usines existantes.
Cette initiative vise non seulement à améliorer l'accès à l'eau pour les cultures, mais également à contribuer à une gestion plus durable des ressources hydriques. En intégrant cette approche, la Tunisie pourrait réduire sa dépendance vis-à-vis des sources d'eau traditionnelles et renforcer la résilience de son secteur agricole face aux défis climatiques.
Dans le même contexte, Saad Siddik a souligné l'importance de poursuivre la construction de barrages, sans sous-estimer d'autres projets tels que les lacs collinaires, les étangs et les réservoirs. Ces infrastructures jouent un rôle crucial dans la réduction de la pression sur les ressources gérées par la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede), en optimisant la gestion de l'eau et en améliorant l'approvisionnement local.