«La liste annoncée le 10 août est définitive et non sujette à un quelconque recours», a annoncé ce 2 septembre le patron de l'Instance supérieure indépendante pour les élections en Tunisie (ISIE) Farouk Bouasker, lors d'une déclaration retransmise à la télévision nationale.
Celui-ci a communiqué la liste officielle et définitive des candidats à l’élection présidentielle du 6 octobre, précisant que les trois candidatures réintégrées par le Tribunal administratif avaient été rejetées.
Pour justifier l'exclusion des trois candidats, Bouasker a fait savoir que «le Tribunal administratif n'a pas communiqué [à l'autorité électorale] officiellement ses décisions dans le délai prévu de 48 heures comme le prévoit la loi».
Mis à part le chef de l’État sortant Kaïs Saïed, les deux autres candidats figurant sur la liste officielle sont Zouhair Maghzaoui, un ancien député de la gauche panarabe, et Ayachi Zammel, un homme d'affaires, chef du parti libéral Azimoun. Ce dernier, sous le coup d'une enquête concernant des soupçons de falsification de parrainages, a été interpellé plus tôt ce 2 septembre.
Bras de fer entre l'ISIE et la justice administrative
Fin août, le Tribunal administratif réuni en appel avait accepté les recours de trois candidats, considérés comme de sérieux prétendants à l'investiture suprême.
La justice administrative avait d’abord annoncé le 27 août dernier la réintégration du candidat Abdellatif Mekki, un ex-dirigeant du Mouvement des islamistes d’Ennahdha disqualifié par l’ISIE, en acceptant son recours en appel. Deux jours plus tard, la candidature de Mondher Zenaïdi, ancien ministre sous l’ère du président déchu Ben Ali, a été également réadmise par le même tribunal.
L'Assemblée générale du Tribunal administratif avait ensuite annoncé, le 30 août, avoir accepté le recours du candidat Imed Daïmi, annulant également la décision de l’ISIE de rejeter sa candidature.
Présidentielle en Tunisie : des ONG montent au créneau
Préoccupées par le non-respect du pluralisme durant l'élection présidentielle, une vingtaine d'ONG tunisiennes et internationales, ainsi que plus d'une centaine de personnalités et d'activistes, ont signé une pétition le 31 août dernier.
Les organisations signataires, dont les antennes locales de Legal Agenda, Avocats sans frontières (ASF) et la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), avaient salué «l'indépendance et le triomphe des valeurs du droit» incarnés par les décisions du Tribunal administratif de réintégrer des candidats initialement disqualifiés par l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE).
Cependant, elles avaient exprimé leur préoccupation quant au respect du «pluralisme», ainsi que l’application des décisions de la justice administrative quant à la réadmission des candidatures initialement rejetées par l'ISIE. «Le Tribunal était seul compétent pour reconnaître les litiges relatifs aux candidatures au scrutin présidentiel» ont-ils affirmé dans la pétition.