Le Maroc se positionne depuis quelques années parmi les centres d’investissement les plus attractifs en Afrique dans divers secteurs industriels. Récemment, trois domaines d’activités industrielles sortent particulièrement du lot et attirent de manière notable les investisseurs internationaux : l’industrie naissante de l’armement, la fabrication de batteries électriques et la production de l’hydrogène vert.
Ce dernier en particulier semble intéresser les investisseurs, notamment européens, sur fond de conjoncture énergétique critique en Europe. Le Maroc ambitionne, dans ce sens, de devenir un fournisseur clé pour le vieux continent, bénéficiant du soutien financier de l’Union européenne à hauteur de 624 millions d’euros, d’après des chiffres relayés en avril dernier par les médias marocains.
Le 1er août, le magazine Challenge indiquait que le groupe français TotalEnergies projetait d’investir plus de 11 milliards de dollars pour produire de l'hydrogène propre au Maroc. Le projet aurait une capacité de 10GW et couvrirait une superficie de 170 000 hectares dans les provinces du sud. Selon les médias locaux, la région offre des conditions climatiques idéales pour la production d'énergies solaire et éolienne. L'année dernière, le géant français a déjà investi près d'un milliard d'euros dans sa filiale marocaine TotalEnergies Renewables Maroc AssetCo (TERMA).
Considéré comme une énergie d’avenir, l’hydrogène vert est une source propre, durable et versatile. Pour attirer le marché européen, le Maroc fait face néanmoins à une rude concurrence de la part de la Tunisie. Cet autre pays nord-africain au fort potentiel en énergies renouvelables annonce régulièrement des contrats de production avec des entreprises européennes productrices d’énergie.
Batteries électriques, la «suprématie» de la Chine
Le Maroc attire déjà de nombreux investisseurs internationaux désirant s’engager dans la conception de batteries pour voitures électriques. Secteur déclaré stratégique par ce pays nord-africain, cette industrie attire particulièrement Pékin. Leader mondial dans ce domaine grâce à sa production des minéraux nécessaires à la fabrication de ces batteries, la Chine en est déjà à son troisième grand investissement dans le secteur au Maroc.
Le 6 juin à Rabat, le géant chinois Gotion High Tech officialisait la construction d’une «giga-factory» de fabrication de batteries pour véhicules électriques dans la ville de Kénitra, au nord-ouest du Maroc, avec un montant d’investissement de 1,3 milliard de dollars.
En septembre 2023, CNGR Advanced Material, fabricant chinois de composants de batteries, avait annoncé qu’il s’associait à Al Mada, un conglomérat appartenant à la famille royale marocaine, pour investir 2 milliards de dollars dans la construction d’une usine de matériaux cathodiques.
Le chinois Zhejiang Huayou Cobalt et le fabricant chimique sud-coréen LG Chem avaient précédemment révélé leur intention de construire une raffinerie de lithium et une usine de matériaux cathodiques au Maroc.
Face à cette ruée des entreprises chinoises et à leur «suprématie» dans ce secteur au Maroc, «les États-Unis s’efforcent de rééquilibrer les forces en établissant un partenariat stratégique avec Rabat», a rapporté il y a deux semaines le média local Maroc Diplomatique. Les États-Unis sont attirés particulièrement par la production marocaine des minéraux tels que le cobalt et le lithium, deux éléments essentiels pour les batteries de véhicules électriques, relève le média.
L’armement, une industrie naissante
Révélée récemment par Le Desk et saluée dans la foulée par la presse du pays, l’ouverture prochaine au Maroc d’une usine de fabrication de véhicules militaires par le géant indien Tata place l’Inde «en "pole position" face à "d’autres concurrents étrangers qui convoitent la future industrie militaire naissante du Royaume"» , ont analysé les journaux marocains.
Cette nouvelle usine s’inscrit, en effet, dans un contexte où les autorités marocaines préparent du terrain depuis un moment pour donner de l’élan à cette industrie «naissante». Le 1er juin dernier, l’agence de presse d’Etat MAP relayée par les médias du pays, annonçait la création de deux zones industrielles militaires, décidée à l’issue d’un conseil ministériel.
Cette dynamique intervient dans un moment où les autorités marocaines visent à attirer des investissements importants d’Israël, particulièrement intéressé de fabriquer ses armes au Maroc depuis sa normalisation avec ce pays du Maghreb en 2020. Avec son usine Tata, l’Inde a déjà pris une «longueur d’avance», pointe Le Desk, «alors que les investissements israéliens demeurent dans l’expectative».
La presse des deux pays annonce régulièrement des contrats d’achat d’armes israéliennes par le Maroc et des accords de coopération dans le domaine militaire.