Le projet de corridor commercial continental tuniso-libyen vers les pays d’Afrique subsaharienne a été relancé récemment à la suite de la réouverture officielle de l’important passage frontalier de Ras Jedir reliant les deux pays. Celle-ci a finalement eu lieu le 1er juillet, après plus de trois mois de fermeture à la suite d'échanges de tirs du côté libyen.
Une fois concrétisé, ce projet ambitieux, qui devrait relier la Tunisie et la Libye à cinq pays africains enclavés (le Tchad, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la République centrafricaine), sera le plus grand passage terrestre du continent.
La création de ce corridor commercial avait été annoncée officiellement lors d’une réunion ministérielle conjointe entre les deux pays, le 10 août 2023 à Tunis. Depuis cette date, la Tunisie, qui veut consolider son statut de promoteur des échanges et de porte d’entrée vers les marchés africains, multiplie les initiatives visant à relancer la concrétisation de ce corridor.
Zone de libre-échange de Ben Guerdane
Le point de départ de la ligne terrestre devrait être la zone de libre-échange de Ben Guerdane et le poste-frontière de Ras Jedir.
La réouverture de ce dernier a relancé les pourparlers autour du projet du corridor continental, notamment du côté de la Tunisie qui a multiplié les discussions ces derniers jours avec les parties prenantes, visant à accélérer la mise en route du corridor et la levée de fond pour son développement.
Le 5 juillet, la ministre tunisienne du Commerce Kalthoum Ben Rejab a reçu dans ce cadre la secrétaire exécutive adjointe à la Commission économique pour l’Afrique (CEA) relevant des Nations unies, Hanan Morsy.
La réunion, rapportait l’agence de presse TAP, a porté sur les domaines de coopération et les opportunités de partenariat disponibles entre la Tunisie et la CEA, dans le cadre de ce couloir commercial continental. Les deux interlocutrices ont souligné l’importance de ce projet, qualifié de «stratégique», à même de créer une «dynamique» au niveau des échanges commerciaux dans la région de l’Afrique du Nord et relier cette région au reste du continent.
Projet «de priorité nationale et stratégique»
«La Tunisie a créé, depuis mars 2023, un comité national chargé de mettre en application les conditions nécessaires à sa mise en place», a révélé la ministre tunisienne en recevant le 1er juillet le secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), Wamkele Mene.
Qualifiant le corridor de «projet de priorité nationale et stratégique», la ministre a cité, à cette occasion, bon nombre des projets nécessitant un soutien financier et technique de la part du secrétariat général de la Zlecaf et du reste des bailleurs de fonds africains.
De son côté, le secrétaire général de la Zlecaf, Wamkele Mene, a mis en exergue le «rôle pionnier» de la Tunisie dans l’accélération de l’intégration régionale et dans la création d’un marché africain unifié dans les plus bref délais. Le secrétariat général de la Zlecaf soutiendra tous les projets et les initiatives présentés par la Tunisie, promet-il, estimant qu’ils sont «importants» pour la mise en place de la Zlecaf et la réalisation du bien-être pour tous les peuples africains.
Plus tôt dans la journée du 1er juillet, Wamkele Mene avait été reçu par le chef du gouvernement tunisien Ahmed Hachani. Le responsable avait dès lors fait état de la disposition des différentes parties africaines, notamment les bailleurs de fonds, à coopérer avec la Tunisie, dans le but de développer ce corridor continental «qui sert l’intérêt de tous les pays africains».
Accroître les échanges commerciaux avec l’Afrique subsaharienne
La Tunisie et la Libye avaient souligné dès août 2023 l’impératif d’instaurer un partenariat tripartite entre la Tunisie, la Libye et l’Afrique subsaharienne, dans le cadre du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) et de la Zlecaf, afin d’accroître le volume des échanges commerciaux pour atteindre 5 milliards de dinars tunisiens dans les prochaines années.
Le poste frontalier de Ras Jedir et les moyens de son développement, conformément aux normes internationales, avaient été au centre des préoccupations des hauts responsables des deux pays. «L’objectif étant de faire de cette zone un portail commercial pour l’Afrique, à même de favoriser l’intégration économique avec les pays subsahariens.»
En marge de cette réunion, des mémorandums d’entente avaient été conclus dans divers domaines visant le renforcement de la complémentarité dans la zone de libre-échange entre les deux pays qui servira de point de départ pour le corridor.
En 2022, le volume des échanges commerciaux entre la Tunisie et la Libye a atteint 3 027 millions de dinars tunisiens, contre 2 020 millions en 2021, soit une hausse de 49,8%.