Le trafic des voyageurs et des marchandises entre la Tunisie et la Libye peut reprendre à plein régime après la réouverture officielle et complète le 1er juillet du poste-frontière de Ras Jedir, fermé depuis le 19 mars dernier à la suite d'un échange de tirs côté libyen.
Lors d’une conférence de presse conjointe organisée le jour même à Ras Jedir, les ministres de l’Intérieur des deux pays, le Tunisien Khaled Nouri et le Libyen Imed Mustapha Trabelsi, se sont félicités de la réouverture de cet important poste-frontière qui permettra, selon eux, de développer davantage les relations bilatérales «à tous les niveaux».
«Dans l’intérêt des deux pays»
Cités par l’agence de presse tunisienne officielle TAP et par des médias des deux pays, les deux ministres ont mis l’accent sur les retombées bénéfiques de cette réouverture qui intervient «dans l’intérêt des deux pays». Une réouverture qui permettra notamment de «booster les échanges» et de «faciliter le déplacement des citoyens dans les deux sens».
Le responsable tunisien a rappelé, à cette occasion, la «solidité des relations historiques» qui lient la Tunisie et la Libye, mettant l’accent sur «les défis communs» auxquels la région est confrontée en cette «période délicate que traversent les deux peuples». Il a insisté sur la volonté de la Tunisie de «coopérer positivement» avec les propositions visant à renforcer davantage les relations, conformément «à la volonté des dirigeants des deux pays de relever les défis communs».
Son homologue libyen a exprimé de même l’engagement de son pays pour garantir le bon fonctionnement du passage, côté libyen, notamment en matière de sécurité et de services. «Le travail conjoint se poursuit» pour protéger les frontières et les passages frontaliers, notamment «contre les criminels et les contrebandiers», a-t-il rappelé.
Le ministre libyen a également rappelé la volonté et les efforts déployés par les deux pays pour l’ouverture d'autres passages frontaliers entre la Tunisie et la Libye, tels que les postes d'«al-Assa» et de «Mechehed Salah» (Tataouine), afin de faciliter davantage le passage dans les deux sens.
«Absence de toute manifestation armée»
Le ministre tunisien a réaffirmé, pour sa part, la disposition des autorités tunisiennes à prendre «les mesures et décisions appropriées» pour faciliter le fonctionnement du poste frontalier. Il a renouvelé l'engagement de la Tunisie envers les termes du «procès-verbal d’accord sur la sécurité» signé par les deux ministres le 12 juin dernier à Tripoli.
Cet accord concerne aussi bien le fonctionnement logistique du poste frontalier que le respect des règles de la sécurité, ainsi que d'autres questions telles que les homonymies, la présence sécuritaire au poste frontalier et l'échange d'informations entre les services de sécurité des deux pays. Il comprend entre autres la non-imposition de frais ou d'amendes non convenus, et surtout l'absence de «toute manifestation armée».
À la suite d'un échange de tirs du côté libyen, les autorités tunisiennes avaient annoncé, en mars 2024, la fermeture du passage du poste-frontière de Ras Jedir, ville côtière à la frontière entre la Tunisie et la Libye, afin de préserver la sécurité de leurs citoyens qui se dirigeaient vers le territoire libyen. «Des instructions immédiates ont été émises pour fermer le poste-frontière, après que des groupes hors-la-loi ont attaqué le passage pour créer le chaos et perturber le travail», avait confirmé alors le ministre libyen de l'Intérieur Imed Trabelsi.
Traquer les terroristes
Les frontières entre la Tunisie et la Libye connaissent en effet des défis sécuritaires et militaires importants depuis 2011, sur fond d’échanges de tirs fréquents entre milices libyennes rivales près de la frontière, mais aussi en raison de groupes djihadistes qui investissement les zones tampon frontalières, où les forces militaires tunisiennes mènent régulièrement des opérations de ratissage.
Pas plus tôt que la semaine dernière, un soldat tunisien a été tué le 26 juin par des tirs «soudains» et «non identifiés» qui avaient pris pour cible, à l’aube, une patrouille de l’armée tunisienne opérant dans la zone frontalière tampon de Remada, non loin de Ras Jedir dans le Sud tunisien.
En 2016, des affrontements meurtriers avaient par ailleurs opposé les forces spéciales tunisiennes aux djihadistes, faisant 13 morts et 14 blessés côté autorités, et 49 morts et 96 prisonniers dans les rangs des islamistes. Cet événement avait duré quatre jours et quatre nuits (du 7 au 10 mars) dans la ville de Ben Guerdane, près de Ras Jedir.