Les bulletins météorologiques de la dernière décennie en Tunisie ont été marqués par de faibles précipitations et des vagues de températures extrêmes, ce qui a conduit à l’évaporation massive des eaux de barrages entraînant ainsi des pénuries.
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a tiré ce 28 juin la sonnette d’alarme concernant la détresse des habitants du village de Hammad privés d’eau potable.
Deux jours plus tôt, lors de son audition le 26 juin à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture en charge des Ressources hydrauliques, Ridha Gabouj, avait évoqué une «régression historique» des réserves au niveau des barrages tunisiens.
Réserves vides et craintes d’insuffisance hydrique en été
Cet ingénieur des eaux et des forêts, qui ne cesse de rappeler que la Tunisie traverse une situation critique en termes de sécurité hydrique, a expliqué que «les changements climatiques et la sécheresse dont la Tunisie souffre depuis des années» avaient causé la perte de «près de 650 000 m³ des eaux des barrages». Il s’agit «d’une régression historique des réserves au niveau des barrages en Tunisie, qui ont atteint un taux de remplissage de 30% (environ 700 millions de m³)», a-t-il averti.
Ridha Gabouj a rappelé que «le gouvernement était en train d’identifier des solutions à ces problématiques afin de garantir l’approvisionnement en eau durant l’été 2024», a rapporté le 27 juin l'ARP dans un communiqué.
Cette session d’auditions tenue au Parlement, en présence du PDG de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) ainsi que du directeur du Génie rural et de l’exploitation des eaux (DGFE) et du directeur des Barrages et des grands travaux hydrauliques, a également porté sur le difficile accès à l'eau potable et les contraintes liées à l'approvisionnement en eau en zones rurales à travers le pays.
Par ailleurs, les parlementaires ont considéré, d’après le même communiqué, que les réponses des responsables ne traduisaient pas une stratégie claire pour développer le secteur de l’eau en Tunisie.
Assoiffé, le village de Hammad appelle à l’aide
Depuis 2018, les habitants du village de Hammad, dans le gouvernorat de Kairouan, rencontrent des difficultés d’accès à l’eau potable. Mais ces dernières semaines, assoiffés, des personnes âgées, des femmes et des enfants ont désespérément cherché à remplir des bouteilles et des récipients en plastique d’eau, alerte le bureau régional du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux à l’issue de son inspection sur le terrain.
Le FTDES a tiré ce 28 juin la sonnette d’alarme, par le biais d'un communiqué, concernant la détresse des villageois privés de leur droit humain et citoyen d’accès à l’eau potable.
«Notre équipe a inspecté l’état des lieux d'une école primaire de la région qui a été récemment réhabilitée et visitée par le ministre de l'Éducation le 20 mai dernier, pour constater que l’établissement n'avait toujours pas de raccordement à l'eau potable» a fait savoir l'ONG.
Celle-ci a également notifié que l’absence d’eau potable dans l’institution scolaire mettait en danger la vie des élèves et contredisait la législation et les accords internationaux et nationaux sur les droits de l’enfant, notamment l’article 24 de la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant, qui stipule : «Chaque enfant a droit aux meilleurs soins de santé possible, à l'eau potable, à des aliments nutritifs, à un environnement propre et, bien sûr, à l'information qui peut l'aider à rester en bonne santé.»
Dans le même contexte, le FTDES a rappelé que le droit international des droits de l'homme oblige les États à garantir le droit de chaque individu à obtenir une quantité suffisante d'eau potable pour son usage personnel et domestique. Le chapitre 48 de la Constitution tunisienne stipule également que «l'État doit fournir de l'eau potable à tous sur un pied d'égalité, et il doit préserver les ressources en eau pour les générations futures».
L’organisation a fait référence à ces lois pour mettre en avant leur «application inéquitable, car plusieurs zones rurales, notamment les campagnes du gouvernorat de Kairouan, souffrent de coupures d'eau à répétition en raison de l'épuisement des ressources et de la faible alimentation électrique». À travers son communiqué, le FTDES a également souligné le sentiment de colère et d’exclusion sociale des habitants d'Hammad.